Parus, à paraître, en cours... des "Poèmes",du slam,des contes et toutes sortes de textes. pas de quoi avoir un Prix !
mercredi 22 juillet 2015
vendredi 3 juillet 2015
La vengeance
Une petite histoire pour changer...mais, si à sa lecture, il vous revient souvenance d’une quelconque ressemblance, je vous conseille de changer de lunettes,
Un
café dans une grande ville touristique. Dix heures. Un client entre. Le barman
ne l’a jamais vu. L’inconnu commande un café, le déguste puis demande :
« Combien
vous dois-je ?
—
Trois euros. » Répond le barman.
Alors
le client sort trois pièces d’un euro de son porte-monnaie et sous le regard
éberlué du barman, il dépose une pièce sur le comptoir, puis va déposer une
pièce sur le flipper et la troisième sur la table du fond près des toilettes.
Puis,
il sort en disant au revoir.
Le barman est vexé, mais on ne doit pas fâcher
le client. Après tout, celui-ci a payé son café. Le barman va récupérer les
deux pièces et revient derrière son comptoir.
Le
lendemain à la même heure, le barman voit rentrer dans son café le client
inconnu de la veille. Il commande un café, le déguste, puis demande combien il
doit. Alors, il sort de sa poche trois pièces. Il en pose une sur le comptoir puis
va en poser une sur le flipper et la troisième sur la table du fond près des
toilettes avant de quitter le café. Le barman, énervé par cette attitude qu’il
n’apprécie qu’à moitié, ne pense qu’à une chose ! « Je l’aurais, un
jour, je l’aurais !
Le
lendemain, dès dix heures, il guette l’arrivée de l’étrange client ! Osera-t-il
payer son café comme la veille ?
Et
à dix heures, l’inconnu entre et commande un café. Il le déguste à petites
gorgées puis :
“Combien
vous dois-je ?
—
Trois euros, s’il vous plaît...”
Et le barman le voit sortir de sa poche… un
billet de cinq euros.
Il se dit : “Ça y est ! Je tiens ma
vengeance !”
II
prend deux pièces d’un euro dans son tiroir-caisse, et en jubilant
intérieurement, il va en poser une sur le flipper et la seconde sur la table du
fond près des toilettes. Cette fois, ils sont quittes ! Il revient
derrière son bar, tout fier et en même temps curieux de voir la réaction du
client. Alors, à ce moment-là, le client, imperturbable, sort une pièce d’un
euro de son porte-monnaie, la dépose sur le bar et dit au barman : “Un autre,
s’il vous plaît.”
Moralité.....
mercredi 1 juillet 2015
Injures et jurons
Remarque liminaire : Ecoutez brave gens, et ne craignez rien ! Ceci n’est
qu’assemblage de pauvres rimes, collage de mots, et images de l’esprit d’un
pauvre poète bien moins utile à l’Etat qu’un bon joueur de boules ! Et si
à sa lecture, il vous revient souvenance d’une quelconque ressemblance, sachez
que seule son imagination bien fertile grâce à Dieu, a fourbi son crayon pour gribouiller ce portrait !
Injures et jurons
Lubrique et obscène, grossièrement dégoûtant, mon inélégance
langagière sied mal à ma volonté d’appartenir à une grande classe.
Il est temps ce soir devant cette docte assemblée rassemblée
pour écouter les poètes féconds qui ne le feront pas, quelle classe ! de
battre ma coulpe, ce qui se dit en breton faire mea culpa.
Je vais être franc et humble comme à confesse, confesse que
depuis des lustres je ne fréquente plus et où d’ailleurs je ne pose plus mes
fesses
Fesses que je ne montre qu’aux docteurs et aux jeunes femmes
lubriques avec lesquelles parfois je fornique
Oui, je sais je suis un peu diabolique, mais que voulez-vous,
je ne suis pas anorexique et je fais la nique n’étant pas allergique aux
postérieurs tentants me tendant ces amas de chair qui n’ont rien d’amer
Et que je prends plaisir à caresser comme de noirs rochers
que la jupe légère découvre à marée basse
Mais je m’éloigne de mon propos qui ne tombe plus à propos
et à ce propos laissez-moi en toute modestie vous parlez d’un sujet qui me
tient à cœur et sur lequel je suis intarissable !
Je voulais vous
parler de l’homme en général et de moi-même en particulier.
Bien que n’étant pas général — n’étant pas assez armé pour
cela — j’ai le cuir assez dur et même bien blindé pour pouvoir supporter les
éloges de tout venant
Éloges de concierges éloges d’artistes éloges de tous
En tout cas si l’éloge ment — ou pas d’ailleurs — il me
touche assez pour ne pas botter en touche quand on s’adresse à moi
Pisse-ruisseau provincial, mais pas du Ruisseau de la Pisse,
joli petit affluent de l’Isère long de 2.9 km ce qui n’est pas long pour
un ruisseau avouez-le et pour lequel la moindre satisfaction de besoin naturel
dans ses eaux peut déclencher une crue le transformant en seau de pisse, à ne
pas confondre avec chaude-pisse, ce qui n’a rien à voir, j’ai suivi peu de
classes, cultivant mon inculture au gré des vents tout en me prenant pour un
modèle référent.
Sachant parler de tout et ne connaissant rien du tout, j’ai
inventé des études érudites et des recherches profondes pour parader dans les
salons. Collectionnant les dictionnaires, du plus menu ou plus ardu, retenant
des listes entières de méta langage, passant du lexical au médical, du grammatical
au segmental, du dialectal au commercial j’ai tout un arsenal à rendre jaloux,
voire caricatural, cet inamical poète provincial soi-disant écrivain de poésie que
mon érudition édifiante à l’aulne de mes investissements pécuniaires rendit tellement
antisocial qu’il vit depuis entre les quatre murs d’un logement pseudo carcéral
très petit, mais vain pour y connaître la gloire !.
Paradant tantôt devant les jeunes femmes, mais le plus
souvent devant des femmes certaines, mon éducation sentimentale fut rapidement
menée au gré des rencontres et c’est là que mon vocabulaire s’enrichit encore,
de ces mots trop vivants pour mourir dans un dictionnaire.
Ma famille avait pourtant tout fait pour bien m’élever et me
laisser en héritage un langage châtié (du latin castigare, de castus :
pur). Mais, un héritage peut se dilapider et, bien que n’étant pas atteint du
syndrome de Gilles de la Tourette, il m’arrive de prononcer et même, suprême
décadence d’écrire des bordées d’injures incontrôlables !
Dans ces injures et jurons divers, je dois admettre une
préférence pour tous ceux qui commencent par la lettre « C » !
Et ils sont nombreux ! Je ne vous ferais pas l’injure
de les lister ou de vous proposer des devinettes, mais, avouez que depuis
quelques secondes, ils vous assaillent déjà ! Non ?
Voyons, ne soyez pas prude ! Ne rougissez pas !
Vous en connaissez !
Non ! Cacemphate, callipédie, cénotaphe, chancissure, chiliaste,
circaète, colichemarde et même couillard sont des substantifs tout à fait
respectables !
Mais, savourez : chapon maubec, capon, chiabrena,
chastron, coquart, coquefredouille, coquebert,
Corp-dieu et couer ! Et encore les christi et les cré
nom de nom chers à Georges Brassens ! Et les
Canaille, cannibale emplumé, catachrèse, cataplasme,
cercopithèque, chauffard, chenapan, choléra,
cloporte, coléoptère, coloquinte, coloquinte à la graisse de
hérisson, concentré de moule à gaufres,
coquin, cornemuse, cornichon, cornichon diplômé, corsaire,
coupe-jarret, cow-boy de la route, crème
d’emplâtre à la graisse de hérisson, crétin de l’Himalaya,
crétin des Alpes, crétin des Balkans,
Cro-
Magnon, cyanure, cyclone, cyclotron, Cyrano à quatre pattes
hurlés par ce cher Capitaine Haddock !
Bon, c’est tout pour ce soir !
Il se fait tard. Et ma vessie me joue des tours et des détours
que j’avoue sans détour depuis qu’un journal local afficha comme un trophée l’âge
de mon corps, mais pas de mon esprit !
Chelaouam ! Câlice moé patience avec ça ! J’vais
compisser !
dimanche 28 juin 2015
Louange à Louis
Lecteur, lectrice,
voici ma louange à Louis, l’enfant roi du langage !
C’est dans un lieu près de Lanvollon que Louis livre des
livres liturgiques en latin et même en langues plus lointaines telles le letton
et le lithuanien. Loué soit Louis, le laudateur qui après avoir laissé la
littérature libertine pour les libidineux - ceux qui l libèrent leur libido par des lithos
licencieuses, - a lancé dans son logis
luxueux un linéaire lumineux de
librairie en libre service.
Bien loin des laideurs dont on se lasse à Lourdes et même
près de Limoges, l’étal de Louis ne
laisse pas alanguis les luronnes qui
lorgnent sans se lasser sur des lectures
dont les lettrines légèrement ligurées ne se limitent pas à des liserés
ou des listels illisibles de linotypistes se livrant à des libations de litrons de Listel
liquoreux et lyophilisé tout en
se léchant la lippe pleine de livarot se
liquéfiant sous ces léchages langoureux ( ! ) mais dont les lettres en
liesse libèrent des litanies de luxe, telles des lapis lazulis à la lumières
des lampes libanaises ! Car enfin, elles sont belles ces litanies, ces
listes de Labériane, Lacinia, Lambertine, Landeline, Landry et autres Léocadie,
Léocricia, Léocrite ou encore Lexane, Ludmille,Ludolphe, Ludovica, tous ces
loués en lutte pour que ne soit pas limitées ces lignées de laïus dignes des lexiques des linguistes les plus loufoques ! Ils sont légions
ces libellés licites que la loi en toutes lettres inscrit sur les
livrets des p’tits loups et des loupiottes ! Bien plus littéraires que les Lili, Lulu, Loulou et
Lola ou Lolo ! Enfin, revenons à la librairie de Louis !
Louis a donc laissé
logiquement les livres sans labels pour se lancer dans la librairie de
luxe ! Devant son local sont garées
les limousines des ladies et des lords de Lanvollon et même de Lantic. Des laquais ouvrent
les lourdes sans loquet, des larbins loin des lumpenprolétaires louvoient entre
les linéaires tout en lorgnant les lots de littérature luxembourgeoise ou
lapone tandis que des légions de
laïcs en liesses côtoient les livreurs
lèches-bottes et que des légats et autres grosses légumes à grand coup de
lazzis lento mais lestes ne lézardent pas pour libérer, sans limitation, des
liards et des liards dans ce libre
service livresque.
Louis ne se languit pas de ce loisir ! Une nouvelle
lubie, plus ludique mais légale, ne le limiterait plus :
Louer en location-vente des loupes pour que les laudateurs
qui auraient oublié leurs lunettes puissent lire même à la lumière de la
Lune ! Car, les Nocturnes, c’est une nouvelle liberté !
mercredi 24 juin 2015
Il est
Il est.
Il est encore.
Encore et encore.
Dans le souffle de la vie
Dans le murmure du vent
Dans la brise et la tempête
Il est.
Dans le flux montant
Dans la marée qui vague
Dans le vague du temps
Il est.
Sur la cime enneigée
Dans la plaine et la taïga
Dans les roches du Sahara
Et les sables de Gobi
Il est.
Dans les échos de ta voix
Dans les friselis de tes sourires
Dans tes larmes de peine
Il est.
Et à la fin du temps
Quand en vain on le
cherchera
Quand il dira : j’étais
Je partirai.
mardi 23 juin 2015
La route de l'Homme
Sur la route qui mène
à l’homme il n’y a pas que des choses bonnes. Et s’il n’y avait que des choses
bonnes, pas sûr que l’homme nous étonne.
Entre les pierres qui roulent et des engins qui déboulent pas
certain que l’homme tienne debout - parcours
de casse-cou
Il avance en peinant naturellement et si c’est bravement qu’il se met en
mouvement il y en a pour bien longtemps
- Prendre son temps.
Sur la route depuis son enfance il a laissé toute exubérance - apprendre à prendre patience et à prendre les
coups - en
silence
De son berceau à l’âge ado la vie lui dresse tout un tableau
Fais pas si fais pas
ça toute cette mascarade - on va te dresser pas de dérobade - Penser pour lui
Lui apprendre le dresser le dresser à obéir obéir à tous désirs des maitres à penser des maîtres à penser pour lui.
Tellement bien le dresser qu’il s’est redressé ! il a rué ! il a crié ! il a vomi sa haine - hurler pour sa liberté.
Interdire
d’interdire préférer s’enfuir et nuire nuire et désobéir dans les rues de la ville nouveaux plaisirs
Prendre de la vitesse prendre
le monde de vitesse pas
de faiblesse finie la gentillesse vivre sa jeunesse ça presse
Moteur de sa vie carburant
de détresse essence essence
à exploser les sens rouler à
contresens donne lui du sens
A ta vie ton
envie ton souci d’affranchi tout étourdi
Ne plus rester seul vivre en bande retrouver l’état originel
Dans le clan la
tribu simple élément du tous ensemble ensemble être fort
Etre fort sans
effort dominer faire bloc résister ne
rien laisser de
Sa liberté
Liberté de tout faire liberté
pas gagnée liberté aliénée
Liberté finie
Enfermé prison quatre
murs ou plus
Le dresser le dresser à obéir obéir à tous désirs des maitres à penser des maîtres à penser pour lui
Se taire se laisser faire discipline de fer ne
pas s’en faire
Attendre heure jour nuit
semaines
mois nuit nuit nuit
Attendre puis sortir
Sortir
puis attendre
Sans savoir quoi ne plus penser
Pas réfléchir se
laisser fléchir s’abrutir fuir re fuir
Dans des fumées des verres des
verres fumés des verres de fumées
Ne plus voir ne
plus devoir ne pas savoir ne plus croire
Boire déboires avoir peur du miroir préférer l’isoloir
Noir trop noir ne
plus vouloir ne plus rien valoir se laisser choir
Pas d’espoir plus
d’espoir noir
Alors
bonsoir !
samedi 20 juin 2015
La poétesse au salon
La poétesse au salon
Elle s’est installée sur sa petite table, a sorti ses petits recueils
Bien écrits bien propres, juste ce qu’il faut comme tape à l’œil
Et d’un air radieux attend pour combien de temps ses lecteurs
Prise entre deux autres auteurs Elle empile ses livres à la bonne hauteur
Ajuste ses lunettes, son sourire en cœur remet d’un geste bien étudié
La mèche rebelle qui doit faire un malheur et les faire chavirer,
Vérifie que son stylo en pseudo or sera fonctionnel tout à l’heure
Regarde à droite à gauche, voudrait engager la conversation
Avec son voisin de droite qui à l’air bien mignon
Celui de gauche, bah celui de gauche, il semble de gauche.
Rien qu’à deviner ses titres en se chavirant la tête
D’une manière discrète elle voit bien que ce n’est pas un poète !
Ecrire des trucs aussi gros avec un titre aussi long et en tout petits caractères
Ça dénote qu’on a affaire à un intello sûrement universitaire.
Moi, je viens du peuple, et j’en suis fière ! Je travaille moi monsieur pense-t-elle
Pas planquée dans un bureau ou à avoir des vacances toutes les six semaines.
Je travaille à l’usine enfin, je travaillais depuis l’année dernière
Maintenant je suis en congé maladie je souffre mais je souris
Il ne faut pas laisser abattre par cette chienne de vie
Et c’est pour cela que j’écris de la Poésie.
Oui, messieurs dames, de la poésie : j’aligne les vers
Je fais des quatrains des alexandrins j’suis pas rentière
Alors faut vivre et justement je sais écrire.
En un an j’ai édité quatre recueils, j’évite vraiment pas les écueils
Quatre tirages de 500 et j’en ai déjà vendus…euh oui, un cent
Avec tous ceux que j’ai donnés ! C’est vrai que la poésie les gens
Ils hésitent : il faut vraiment tout leur expliquer ? Mais non, c’est pas comme à l’école
T’as rien à apprendre, juste à lire et ta pensée décolle
Oui, tu pars vers des ailleurs lointains et c’est moins dangereux un beau vers qu’une ligne de coke
Ou un mauvais joint de rebeu qui risque de te faire piquer par les bleus !
De toute façon, je parle et il s’en fout : il lit son journal
C’est quoi ? Courrier International ? j’connais pas, j’connais juste le journal local
J’aime bien j’y lis les potins et ça m’inspire tiens écoute :
Mon voisin fait du feu, il brule des palettes
Et dans la fumée bleue qui s’élève
Je devine son âme grisée à l’anisette
Qui lui fait oublier sa petite Ève !
Ça c’est du vécu ! De la réalité et ça emmène mon lecteur loin de monde terre à terre
Il part faire un voyage pour Cythère
Bon, pour l’instant y’a pas grand monde au départ de ma gare
Et puis, je pense, je pense et je m’égare.
Deux heures que je suis là, et personne s’est arrêté : J’ai beau les aguicher,
Sortir mon sourire leur tendre un marque-page : c’est fou : ils prennent le marque-page
Et ne m’achète rien
C’est la dernière fois que je fais ça, et ça vaut une fortune à la fin !
Bon, ils commencent à sortir leur repas et j’ai pas faim
Quelle vie que c’est que de se vendre et de vendre de la poésie
Heureusement, les gens viendront tantôt
Après Michel Drucker ou la plage s’il fait beau
C’est sûr je vais faire un malheur, je le sens voilà mon heur
Tiens, un journaliste : Il va me prendre en photo, peut-être m’interviewer
Bah non, il s’arrête pour le type de gauche et mon petit voisin de droite
Est toujours fourré en face avec une illustratrice ! Tu parles, faire des dessins
Pas dur d’être artiste pour faire ce qu’elle fait ! Bon, elle est mignonne :
Elle a quel âge, 25 ans, trente, oui moi, j’ai le double
Et puis je m’en fous : j’vais faire un tour la buvette !
Pas mauvais ce petit blanc, il annonce la guinguette…Et si j’écrivais autre chose
Un livre de cuisine, un livre érotique, une histoire d’amour
Un roman d’épouvante une saga fantaisy ou un truc rigolo
Non, je sais j’vais écrire du slam que je vais déclamer sur les scènes je ferai comme Clo
La p’tite jeune qu’est championne du monde et dont on nous rebat les oreilles
C’est facile de faire du slam tu peux même le chanter c’est pas pareille la poésie
Faut l’apprécier Enfin je le sens j’vais m’éclater oui je vais slamer
Oui, et je ferais les championnats de Guingamp de Saint Brieuc, de Tréméven même
Et je serais championne, et je serais aimée et je serais en haut de l’affiche
Mon nom sera sur toutes les lèvres on m’invitera dans les cafés
Et je pourrais boire sans payer ! Oui, je vais slamer !
19/06/2015
Elle s’est installée sur sa petite table, a sorti ses petits recueils
Bien écrits bien propres, juste ce qu’il faut comme tape à l’œil
Et d’un air radieux attend pour combien de temps ses lecteurs
Prise entre deux autres auteurs Elle empile ses livres à la bonne hauteur
Ajuste ses lunettes, son sourire en cœur remet d’un geste bien étudié
La mèche rebelle qui doit faire un malheur et les faire chavirer,
Vérifie que son stylo en pseudo or sera fonctionnel tout à l’heure
Regarde à droite à gauche, voudrait engager la conversation
Avec son voisin de droite qui à l’air bien mignon
Celui de gauche, bah celui de gauche, il semble de gauche.
Rien qu’à deviner ses titres en se chavirant la tête
D’une manière discrète elle voit bien que ce n’est pas un poète !
Ecrire des trucs aussi gros avec un titre aussi long et en tout petits caractères
Ça dénote qu’on a affaire à un intello sûrement universitaire.
Moi, je viens du peuple, et j’en suis fière ! Je travaille moi monsieur pense-t-elle
Pas planquée dans un bureau ou à avoir des vacances toutes les six semaines.
Je travaille à l’usine enfin, je travaillais depuis l’année dernière
Maintenant je suis en congé maladie je souffre mais je souris
Il ne faut pas laisser abattre par cette chienne de vie
Et c’est pour cela que j’écris de la Poésie.
Oui, messieurs dames, de la poésie : j’aligne les vers
Je fais des quatrains des alexandrins j’suis pas rentière
Alors faut vivre et justement je sais écrire.
En un an j’ai édité quatre recueils, j’évite vraiment pas les écueils
Quatre tirages de 500 et j’en ai déjà vendus…euh oui, un cent
Avec tous ceux que j’ai donnés ! C’est vrai que la poésie les gens
Ils hésitent : il faut vraiment tout leur expliquer ? Mais non, c’est pas comme à l’école
T’as rien à apprendre, juste à lire et ta pensée décolle
Oui, tu pars vers des ailleurs lointains et c’est moins dangereux un beau vers qu’une ligne de coke
Ou un mauvais joint de rebeu qui risque de te faire piquer par les bleus !
De toute façon, je parle et il s’en fout : il lit son journal
C’est quoi ? Courrier International ? j’connais pas, j’connais juste le journal local
J’aime bien j’y lis les potins et ça m’inspire tiens écoute :
Mon voisin fait du feu, il brule des palettes
Et dans la fumée bleue qui s’élève
Je devine son âme grisée à l’anisette
Qui lui fait oublier sa petite Ève !
Ça c’est du vécu ! De la réalité et ça emmène mon lecteur loin de monde terre à terre
Il part faire un voyage pour Cythère
Bon, pour l’instant y’a pas grand monde au départ de ma gare
Et puis, je pense, je pense et je m’égare.
Deux heures que je suis là, et personne s’est arrêté : J’ai beau les aguicher,
Sortir mon sourire leur tendre un marque-page : c’est fou : ils prennent le marque-page
Et ne m’achète rien
C’est la dernière fois que je fais ça, et ça vaut une fortune à la fin !
Bon, ils commencent à sortir leur repas et j’ai pas faim
Quelle vie que c’est que de se vendre et de vendre de la poésie
Heureusement, les gens viendront tantôt
Après Michel Drucker ou la plage s’il fait beau
C’est sûr je vais faire un malheur, je le sens voilà mon heur
Tiens, un journaliste : Il va me prendre en photo, peut-être m’interviewer
Bah non, il s’arrête pour le type de gauche et mon petit voisin de droite
Est toujours fourré en face avec une illustratrice ! Tu parles, faire des dessins
Pas dur d’être artiste pour faire ce qu’elle fait ! Bon, elle est mignonne :
Elle a quel âge, 25 ans, trente, oui moi, j’ai le double
Et puis je m’en fous : j’vais faire un tour la buvette !
Pas mauvais ce petit blanc, il annonce la guinguette…Et si j’écrivais autre chose
Un livre de cuisine, un livre érotique, une histoire d’amour
Un roman d’épouvante une saga fantaisy ou un truc rigolo
Non, je sais j’vais écrire du slam que je vais déclamer sur les scènes je ferai comme Clo
La p’tite jeune qu’est championne du monde et dont on nous rebat les oreilles
C’est facile de faire du slam tu peux même le chanter c’est pas pareille la poésie
Faut l’apprécier Enfin je le sens j’vais m’éclater oui je vais slamer
Oui, et je ferais les championnats de Guingamp de Saint Brieuc, de Tréméven même
Et je serais championne, et je serais aimée et je serais en haut de l’affiche
Mon nom sera sur toutes les lèvres on m’invitera dans les cafés
Et je pourrais boire sans payer ! Oui, je vais slamer !
19/06/2015
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