dimanche 26 janvier 2014

Avec Jean Albert GUÉNÉGAN, Paul DIRMEIKIS, et nos Muses

Carentec 






Coup de gueule



Le poète a toujours raison
Dit ce poète dans sa chanson
Mais si lui pouvait l’écrire
Et nous l’écouter sans rire
Ça fait parfois bien mal
De côtoyer cette espèce d’animal
Qui nous abreuve de ses bouts rimés
Qu’il tient à nous dédicacer.
Arrêtez ! Arrêtez ! S’il vous plaît
Cessez de vous étaler
Cessez de vous admirer
Vous éclaboussez  de vos vers pourris
De vos alexandrins mal construits
Et de vos métaphores bancales
Les poètes dont vous piquez l’original
Vos sujets sont bien pauvres
Et votre inspiration morose
Vous débitez des vers bancals
Comme une machine infernale
Faisant rimer palette de bois
Avec poètes aux abois,
Belle aubépine avec ma voisine
Et lavandin avec magasin
Et vous déclamez
D’une voix de fausset
Aux fêtes de familles
Ou dans des spectacles de pacotilles
Ces bouts de vers mal rythmés
Qui peuv’pas marcher sur leurs deux pieds
Ces strophes insipides
Qui feront de fameux bides.
Oui, poètes pédants continuez
Par vos caricatures
À cultiver la jachère de votre inculture
Et si le cœur vous en dit
Si la crainte ne vous envahit
Venez faire un tour un de ces samedis
Sur des scènes montées dans de bons bistrots
Venez écoutez ces auteurs de bons mots
Ces jeteurs de vers qui n’engendrent pas de maux
Ceux qui ne se prennent pour des héros
Qui n’envoient ni chez Gallimard ni chez Maspero
Des manuscrits ringards pour être publiés
Mais qui jonglent avec sourires et bonne humeur
Sur la corde raide des vrais slameurs
Venez-vous régaler de Grand Manitou, de Clo
De charmeur Slameur Lover , de Toto et
Et de tous les autres grand Cormoran
Qui vous donneront des cours gratuitement
Ou corrigeront vos vers
Seulement contre quelques verres !




samedi 25 janvier 2014

La crise

La nation se gave d’utopies jusqu’à s’en rendre obèse
Et le peuple des petits n’est plus très  à l’aise
En Bretagne comme dans les autres régions d’ ailleurs
On croit bien que c’est la fin des malheurs
Mais à me creuser la tête à m’en faire des rides
Pour vous convaincre de combler tout ce vide
Par la révolution des mots et les cortèges de rimes
Pendant que Marx dort ce qui est gravissime
Et que Robespierre en vain on l’espère
Poutine casse la baraque et coopère
Et Obama surpris, regarde et laisse faire
On s’en prend à rêver  à une dame de fer
Mais on a que Martine , MaMe et NKM
Ce qui fait bien peu, mesdames convenez-le
A moins de vouloir  faire la révolution des bas bleus !

La crise
Agitation récession
Y’a plus rien d’bon
Plus que l’obsession
De sortir de cet’ dépression
Y’en marre
De pas pouvoir
Sortir de ce trou noir
J’en peux plus
D’cette agitation
D’entendre parler
Des stocks option
Des banquiers
Qui dorment pas en prison
Et des crèves la faim
Qui ont peur de demain
Marre des politiques
Bien au chaud
Dans leurs petites boutiques
Qui puent le fric

Calme-toi ! Laisse-toi faire, rien de bon
A espérer la révolution
Le NPA n’est plus là, le PC est cassé
Le PS au pouvoir est passé
Et François dans son palais de l’Élysée
Se demande encore comment il y est arrivé !
Si Coppée se met à rêver, si Fillon
Espère un jour être le bon pion
Pourquoi pas Hallyday à l’académie
Et Chimène Badi  ambassadrice de la Poésie ?

La crise
Agitation, récession
Plus rien de bon, laisse béton
Va toucher tes alloc
Ton RSA, ton RMI
Pointe-toi à Pôle emploi
Espère toujours un CDD
Pour remplacer tes cent CDI
Et tu peux donner de la voix
Du boulot, tu y crois ?
Prends ta femme comme coloc
Devant la télé bois ton bock
Écoute Pujadas au bout du rouleau
Et l’autre Gilles Bouleau
Qui te dit que tout va bien
Que demain à midi Jean Pierre Pernaud
D’un sourire enjôleur
Te fera oublier les parachutes dorés
Les placards d’argent  et les indemnités
 des nantis de CAC 40, du Nasdaq , Dow Jones
A t’en faire débrancher ton sonotone !
Te plains pas, regarde ailleurs

Y’a pas qu’ l’Afrique où tout est noir
Plus d’esclaves au Qatar qu’en Égypte antique
L’Asie se réveille enfin
Et de l’Europe, imagine la fin !
Obama veut soigner son pays
Les Républicains n’en ont pas envie
Et en  Grèce, partout on dégraisse
Aux Indes on viole à tout va
La femme est moins sacrée que la vache
Dans beaucoup d’États des USA
La peine de mort n’est sûrement pas en sursis !
Plus près de nous, en Bulgarie,
En Turquie, en Albanie
Même si les noms de ces pays
Riment  avec souris
Crois-tu que les enfants se marrent
Avec Bonne nuit les petits
A coudre des chemises de nuit
En dentelle et des ballons de rugby
Par centaines !

Le Japon colmate ses fuites
Et redoute un nouveau tsunami
Et même au Vatican, le pape François
S’il n’a plus de taudis  ni de favelas
Doit se battre contre les gourbis
Repaire de la mafia
Et veut faire oublier
Que dans son Argentine
Il a fricoté avec la junte de vermines
Imposant la voie divine
Aux victimes violées, sidaïques et trompées
Pour un bout de caoutchouc salvateur
Il a préféré un hypothétique Sauveur !


Allez, j’arrête là
La crise en France elle a du bon,
Et même si Coluche, l’abbé Pierre
Et le secours populaire
Demain, eux, ne seront pas au chômage
Finalement, et j’en suis fier
D’entendre chanter la liberté
Sur les portiques d’écotaxe
De voir fleurir des bonnets rouges…

Et des  bleus et de blancs
Sur les têtes des bambins tout contents
Qui s’en foutent qu’on leur aménage
Leur temps à l’école
Ils savent qu’ils peuvent jeter du pain aux oiseaux
Et qu’à Noël
Quoiqu’il arrive

Ils seront comblés de mille  cadeaux !

le Barde

Il parcourt la lande
Cheveux au vent
A peine retenus par un large catogan
Il la sillonne chaque jour
Pour y puiser sa raison
Sa raison d’être Breton.

Breton de terre, breton d’Argoat
Loin de la mer qui l’impressionne
Chaussures ancrées dans un sol lourd
Réputé pauvre mais pourtant si riche
De ses racines noueuses et solides.

Il en connaît chaque chemin, chaque lopin
Chaque dévers chaque aubépin
Il sait où niche l’oiseau timide
Et où se gite le vieux solitaire.

Il va seul, toujours, le Penn Bazh à la main
Sans crainte d’une rencontre mauvaise
Et s’il croise un vieux calvaire

Lui revient en mémoire quelques vieilles prières
Celles que disait sa mère aux yeux de lumière


Celle qu’il rejoindra un jour, dans un carré de terre.


Il est

Il est.
Il est encore.
Encore et encore.
Dans le souffle de la vie
Dans le murmure du vent
Dans la brise et la tempête
Il est.
Dans le flux montant
Dans la marée qui vague
Dans le vague du temps
Il est.
Sur la cime enneigée
Dans la plaine et la taïga
Dans les roches du Sahara
Et les sables de Gobi
Il est.
Dans les échos de ta voix
Dans les friselis de tes sourires
Dans tes larmes de peine
Il est.
Et à la fin du temps
Quand en  vain on le cherchera
Quand il dira : j’étais
Je partirai.


mercredi 1 janvier 2014

Injures et jurons



Lubrique et obscène, grossièrement dégoûtant, mon inélégance langagière sied mal à mes volontés d’appartenir à une grande classe.
Pisse-ruisseau provincial, j’ai suivi peu de classes, cultivant mon inculture au gré des vents tout en me prenant pour un modèle référent.
Sachant parler de tout et ne connaissant rien du tout, j’ai inventé des études érudites et des recherches profondes pour parader dans les salons. Collectionnant les dictionnaires, du plus menu ou plus ardu, retenant des listes entières de méta langage, passant du lexical au médical, du grammatical au segmental, mon érudition était à l’aulne de mes investissements pécuniaires. 
Paradant tantôt devant les jeunes femmes mais le plus souvent devant des femmes certaines, mon éducation sentimentale fut rapidement menée au gré des rencontres et c’est là que mon vocabulaire s’enrichit encore, de ces mots trop vivants pour mourir dans un dictionnaire.
Ma famille avait pourtant tout fait pour bien m’élever et me laisser en héritage un langage châtié (du latin castigare, de castus : pur). Mais, un héritage peut se dilapider et, bien que n’étant pas atteint du syndrome de Gilles de la Tourette, il m’arrive de prononcer et même, suprême décadence d’écrire des bordées d'injures incontrôlables !
Dans ces injures et jurons  divers, je dois admettre  une préférence pour tous ceux qui commencent  par la lettre « C » !
Et ils sont nombreux ! Je ne vous ferais pas l’injure de les lister ou de vous proposer des devinettes, mais, avouez que depuis quelques secondes, ils vous assaillent déjà ! Non ?
Voyons, ne soyez pas prude ! Ne rougissez pas ! Vous en connaissez !
Non ! Cacemphate, callipédie, cénotaphe, chancissure, chiliaste, circaète, colichemarde et même couillard sont des substantifs tout à fait respectables !
Mais, savourez : chapon maubec, capon, chiabrena , chastron, coquart, coquefredouille, coquebert,
Corp-dieu et  couer ! Et encore les christi et les cré nom de nom chers à Georges Brassens ! Et  tous les Canaille,  cannibale emplumé, catachrèse, cataplasme, cercopithèque, chauffard,  chenapan, choléra, cloporte, coléoptère, coloquinte, coloquinte à la graisse de hérisson, concentré de moule à gaufres, coquin, cornemuse, cornichon, cornichon diplômé, corsaire, coupe-jarret, cow-boy de  la route, crème d'emplâtre à la graisse de hérisson, crétin de l'Himalaya, crétin des Alpes, crétin des  Balkans, Cro-Magnon, cyanure, cyclone, cyclotron, Cyrano à quatre pattes hurlés par ce cher Capitaine Haddock !
Bon, c’est tout pour ce soir !

Chelaouam ! Câlice moé patience avec ça ! J’vais compisser !