jeudi 7 mai 2020

Huit mai



Huit Mai
les armes se sont tues
des silences se sont élevés
onze heures du matin
est-ce possible après quatre ans de combat
les alliés désunis n’ont  pas été unanimes
huit mai ou neuf mai
peu importe les amours propres
c’est la capitulation de l’ennemi nazi
la fin de la seconde guerre mondiale.

Mais, vous vous en moquez
vous les pseudo pacifistes
vous les pas fiers d’être une nation
rebelle de l’ordre établi
contestataires de la contestation
dans le mois de mai
vous ne célébrez que le premier

Soyez heureux !
cette année deux mil vingt
sera d’une sobriété exemplaire
pas de défilé pas de Marseillaise
devant le monument du souvenir
pas de drapeaux pas de décorés émus
pas de banquets républicains

cette année un covid 19
ennemi secret plus mortel
que dix mille tonnes de bombes
est là
présent sur tous les fronts
constituant l’armée
devant laquelle  nos tacticiens
diplomés
non pas d’écoles militaires
mais des laboratoires de recherche
sont aussi désunis
que les décorés de breloques

Ce Huit mai
vous ne vous le verrez pas passer
restez confinés
faites votre sortie d’une heure
à un kilomètre de chez vous.
évitez les stèles commémoratives
la musique qui marche au pas
cela ne vous regarde pas
moi, j’irai au cimetière
sur la tombe de mon père
il avait vingt-quatre ans

nous ne nous sommes pas connus.





7/05/2020


lundi 4 mai 2020

Kyrie 2



Dites-moi un pays
une province
une ville même
où les terrasses sont accueillantes
où les parc résonnent de joies d’enfants
où les vitrines des magasins attirent l’œil
des passants insouciants
où les bancs sont encore publics

Dites-moi un village
un seul
même le plus petit
où des écoliers exultent
Dites-moi une usine
une fabrique un atelier
qui laisse échapper
l’odeur de l’ouvrage bien fait
Dites-moi une boulangerie
une épicerie
un supermarché
où les chalands laissent passer
le temps

Dites-moi une église un temple
une synagogue
une mosquée blanche
qui accueille le corps
de l’être aimé victime
de ce microscopique ennemi

Mais vous pourrez me dire
la peine l’angoisse le questionnement
l’incertitude pour demain
pour tout à l’heure même

mais vous ne pourrez me cacher
tout ce que je hais d’entendre

mais vous ne pourrez plus dire
l’espoir minime
de peur
qu’il disparaisse.

04/05/2020




dimanche 3 mai 2020

Tout tout de suite


Tout
 tout de suite
à l’instant
tout
l’entièreté
retrouver le monde perdu
sans souffrance
sans interdit
sans distances mesurées
sans horaires minutés
sans justificatifs
sans dérogations
sans balcon de vingt heures
sans médecins journalistes
sans journalistes médecins
sans litanies des hospitalisés
des réanimés  des lits occupés
des hôpitaux surchargés
laisser de côté les masques bricolés
les flacons de solutions
les gants de protection
les gestes barrières
les départements colorisés

Tout
tout de suite
pouvoir circuler
se frôler
se toucher
poignées de mains baisers autorisés
se tenir enlacés sur la plage retrouvée
remplir ses flacons
à la fontaine sacrée
aller où bon nous semble
s’attabler à la terrasse d’un café
contempler la foule
l’aimer
entendre ses sonorités rassurantes
sourire dans les embouteillages
ne plus s’impatienter aux caisses
retrouver les rythmes
les phases un moment oubliées
et puis surtout
en relisant Monsieur Prévert

Il faut que tout le monde soit poli avec le monde ou alors
il y a des guerres ... des épidémies des tremblements
de terre des paquets de mer des coups de fusil ...

et laisser la place à la poésie.