mercredi 23 mai 2018

Car vois-tu ce que j'aime au printemps


Car vois-tu ce que j'aime au printemps
c'est la lumière.
on l'allume plus tard et on l'éteint plus tôt
 ce sont les robes qui fleurissent l'embellie
les corsages fripons
les cheveux au vent
et les sourires confiants
dans les rues la joie chante
et dans les champs la fenaison s'impatiente
les enfants jouent enfin dans le jardin
le ballon voyage à coup de pied
les cabanes sont en projet
le papotage reprend sur la place du marché
on dirait qu'on a le temps
dans l'assiette plus de potage,
mais de rouges tomate et de croquants radis
les fraises dédaignent la crème
les asperges se contentent de leur parure nature
les cocottes en fonte regagnent leur écurie
et les verres réclament des jus de fruits
c'est le printemps
j'ai encore vingt ans
la paquette et la violette se font discrètes
on chasse le muguet même à Chaville
on glisse enfin ses pieds nus dans des nu-pieds
et les lunettes de soleil ne friment pas sur le bout du nez
et si quelques gouttes de pluie jouent les importunes
c'est pour mettre en valeur l' arc-en-ciel triomphant
les terrasses ressortent leurs chaises
les parasols se dressent  fiers
les pigeons rabâchent leur amour
les hirondelles frôlent les antennes
et dans les mares frétillent les premiers têtards
c'est le printemps
 et j'ai toujours vingt ans




Cinq ans de veillées, de 1895...à Louis Capart


Quand on pense veillée, on associe ce mot à ces temps consacrés à une réunion de famille ou entre amis et/ou voisins. Le plus souvent à la campagne, c'est une soirée plus ou moins longue, entre le dîner et le coucher. Ce sont    longues veillées, ces veillées d'hiver, pour raconter des contes, des histoires devant l'âtre autour des bolées de cidre chaud (Jean Lorrain, Sensations et souvenirs ., 1895, p. 235).Les premiers instants sont silencieux, on entend le doux ronflement des rouets et le léger cliquetis des aiguilles qui s'entrecroisent (...) mais bientôt (...) l'on devise gaiement pendant les quatre ou cinq heures que dure ordinairement la veillée. Les vieillards pleins de souvenirs (...) narrent des récits que l'on se transmet oralement depuis des générations (Menon et  Lecotté, Au Village de France, t 2, 1954, p. 89).
On n'imagine pas la veillée d'armes qu'ont connue nos anciens, avant le combat du petit jour; encore moins à la veillée funèbre, ponctuées de silences et de prières discrètes.
La veillée rencontre, entre voisins, a été mise à mal par l'arrivée de la TSF. AU tout début; on vient chez le notable ou le plus riche des pauvres qui possède le poste, ce meuble extraordinaire dont les énormes lampes ont besoin de chauffer avant que ne soit perçu des grésillements inquiétants, des odeurs de fumées et puis une voix cadavérique qui sort de gauche, là où il y a un disque de tissu  qui se fond dans la couleur du bois. Car, bien évidemment, pas de plastique...mais, de la bakélite. Et puis, le progrès, la miniaturisation permet de n'avoir accès qu'à trois ou quatre boutons :
Interrupteur "arrêt / marche + volume du son"
 la Recherche des stations,
les Gammes d'ondes ( GO-PO-OC)    et parfois, la tonalité.
Le mode d'emploi est très simplifié et à la portée de tous. La forme change, c'est la fameuse "boîte à jambon" de Philips.
Les prix diminuent, chaque famille possède son poste, qu'on écoute chez soi, sans partage ! et on écoute tout !
Qui se souvient encore de Geneviève Tabouis ? Entre le Quitte ou Double et le Radio Crochet du regretté Zappy Max , cette journaliste éditorialisait sur Radio Luxembourg. Elle tenait une rubrique hebdomadaire, le dimanche soir, qui s’intitulait « Les dernières nouvelles de demain ». Elle attaquait toujours par les quatre mêmes mots « Attendez-vous à savoir… » Après quoi, voix nasillarde et débit accéléré, elle alignait des prévisions politiques qui se réalisaient, ou pas, ce qui était sans importance puisque, un mois plus tard, dans le pire des cas, tout le monde, y compris elle, avait oublié le contenu de ses prophéties.
Et Ménie Grégoire, qui résolvait tous les problèmes familiaux et qui ose même parler de sexualité « À l'époque où je faisais mon émission, l'homme était souvent un peu… une brute, et la femme, pas du tout informée ». Elle est ainsi souvent considérée comme la première psychologue radiophonique.
Et radioscopie de Jacques Chancel, ...et Daniel Filipacchi. Chaque gamin a maintenant son petit transistor avec UN écouteur individuel. Mon père m'offre mon premier le jour de mon brevet. J'ai quatorze ans et je frime dans les rues de village en écoutant SLC, Salut les copains !
Puis arrive...La télé ! Et le même schéma se reproduit. De rares postes, de vrais meubles d'ailleurs, encore plus mystérieux pour les gamins... Quand le technicien vient en installer un chez mes parents, il me persuade que les personnages vont sortir par les bouches d'aération... Je guette, je guette. Je n'ai pas été assez attentif et ils ont filé ! :
A nouveau, on invite les voisins, dessins animés du jeudi à 16 h 30, Piste aux Étoiles du mercredi soir...Une seule chaîne, en noir et blanc, des programmes qui commencent à 20 h par le Journal ( Jacques Sallebert, Georges de Caune)  et se terminent à 21 h 30 sauf grandes diffusions en Eurovisions avec la Te Deum de Charpentier. Le jour du mariage du roi Beaudouin de Belgique et de Fabiola, la maison est une véritable salle de cinéma. On n'entend plus que la voix de Léon Zitronne, les pleurs des femmes réunit devant le petit écran – il était vraiment petit- et les gamins ont été prié d'aller jouer dehors !
Mais, je suis amoureux des speakerines...déjà, car aux âmes bien nées etc., etc., Jacqueline Joubert et Catherine Langeais. Et puis, je deviens intellos :
Lecture pour tous de Pierre Desgraupe,  Cinq colonnes à la unes de Lazareff,  , les jeux de Pierre Sabbagh et de Pierre Tchernia.
Je vais au cabaret avec Denise Glaser, au Théâtre ce soir et au cinéma tous les dimanche soir sauf quand il y a un carré de sucre en bas de l'écran! au zoo avec La Vie des animaux de Frédéric Rossif et Claude Darget. Suivre des émissions médicales avec  Etienne Lalou.
Mais, la télé va grandir, grossir, devenir ce monstre envahissant qui va réduire chacun à rester chez soi pour...regarder la Pub ! Fini l'époque de ' On a toujours besoin de petit pois chez soi", maintenant, on a les marques, et ça défile, ça défile...Tiens, pourquoi une émission de TV dure –t-elle 52 min  ? C'est le standard international imposé par les USA, encore eux, pour caser 8 min  de pub ! Et on suit, bien sûr !


Alors, il y a quelques 7/ 8 ans,, Louis Capart a créée et animé des Veillées , quelques temps dans un petit village au sud de saint Brieuc puis, les veillées des Côtes du Nord d'abord au bar  Ar Wid à Trévérec puis devant le succès à Tréméven . Elles font référence aux veillées d'antan avant la télévision. Pour Louis, elles sont un partage entre tous, tous les participants, paysans, ouvriers, enseignants, retraités, musiciens, professionnels ou non, conteurs, blagueurs et autres «coutumiers du fait" se produisant pour quelques minutes pour le public.
 "Elles expriment une certaine forme de résistance à une politique sans intervention, supérieure ou institutionnelle, sans aucune autre richesse collective que la nôtre. Elles sont surtout le travail de chacun, c'est à dire des bénévoles! "
Lorsqu'il y a cinq ans, j'ai demandé à Louis l'autorisation de le copier et non le plagier, il a attiré mon attention sur un fait fondamental qui font les richesses de ces rencontres ! Tous les intervenants sont égaux ! Il n'y a pas des bons, des mauvais, des professionnels, des amateurs...Il y a uniquement des gens qui ont envie de partager un moment avec les spectateurs – ce qui explique la durée limitée à 5/6 minutes. Des gens qui osent monter sur une scène, qui osent braver leur tract parce qu'ils veulent partager. Tous ceux qui se produisent en voulant jouer "les vedettes" n'ont rien compris ! On ne joue pas pour être applaudi, on monte pour faire plaisir parce que on aime telle chanson, tel poème, telle lecture, telle histoire. Et puis, on peut assister aux veillées en spectateur. C'est aussi enrichissant et encourageant pour les artiste d'un soir !
  5 ans donc ce soir. Avec des fidèles de la première heure, des anciens qui venaient à Saint Agathon et qu'on ne revoit plus. Certains qui ne viennent que de temps en temps et qu'on revoit toujours avec plaisir. Des nouveaux qu'on espère voir souvent car, pourquoi s'en cacher ? Nos veillées vont mal. La fréquentation baisse et les bénévoles se fatiguent. Serons-nous là dans cinq ans ? Qui sera sera !

Merci Louis d’être passé dans le ciel de nos Veillées
Comme un soleil éclairant nos belles soirées

Compagnon du partage , tu faisais rimer notre vie

Avec le chant, la Musique et la poésie

Grâce à toi nous avons  Rendez-vous tous les 15 du mois

Pour chanter la Vie, l'Amour et l'Amitié

Petite histoire des veillées