mercredi 22 octobre 2014

Les lits

J’ai reposé dans bien des lits
Mais rarement y ai dormi
J’ai partagé des couches à deux ou même plus
Sous les mêmes couvertures sous les mêmes toitures
Lits ouverts où j’ai aimé lits secrets où j’ai pleuré
Lits des dortoirs sordides
Lits tournés vers des ciels de pluie
Lits fermés vers d’accueillantes nuits
Lits trop grands où j’errais perdu
Lits de rêves et lits à rêves
Lits pour re-vivre et lit pour mourir
Le lit défait Delacroix
Attendant une mort qui tarde à venir
Lit de naissance pour célébrer l’absence
Et lit de souffrances pour espérer la re-naissance
Lit d’hier à jamais détruit
Lit de demain à toujours espérer
Fermer les yeux mais pas pour une dernière fois
Les fermer et voir encore un visage radieux
Un sourire d’espoir un avenir probable
Sentir que ce lit sera partagé


Mais à quoi bon rêver ?

jeudi 9 octobre 2014

Les Dire du jour : 8 et 9 octobre

Ah c’est malin
Cette branche tombée sur le chemin
Mon chien saute par-dessus
Je fais le tour
Déçu
***
Les mots tombent goutte à goutte
Ils tourbillonnent sur la feuille
Tout à coup j’ai des doutes
J’efface tout
Elles tournent toujours mes idées folles
***

                                                    8/10/2014

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Faire comme une lumière 
Pour y voir plus clair
Dans la pénombre de mes souvenirs

***
Odeur de mousse
Ecrasée sous le pas lourd
Du promeneur 
Qui médite un coin de cheminée
***
Un pigeon tombe
Sans un bruissement d’aile
Dans le fracas d’une détonation
Trois gouttes de sang
C’était cela la vie ?
***
 La nuit
Pas de nuit pour le vent
Pas de nuit pour la pluie
Pas de nuit
Pour mon ennui

09/10/2014


lundi 6 octobre 2014

Dire du jour


                 


L’horizon plan de la mer calmée
Devient ligne brisée sur le port découvert
Mon voyage s’achève.
***
Trois cris dans la nuit
C’est quoi tout ce bruit.
***

Première pluie de l’automne
Et c’est déjà monotone
Toutes ces rues sans personne.
***

Il suffit de dire ou de se taire
Raconter son enfance ne vieillit point
Les cheveux blanchis sous les coups de la vie
Tomberont au vent mauvais de l’automne.
***

Le ruisseau grossit et devient torrent
Ma patience fond sans soleil
Quand finit-il le temps des enfants 
***



jeudi 2 octobre 2014

Poètes sortez vos papiers !

Le slam c’est la poésie des mots dits
Et si les poètes sont maudits
Qui ne mot dit consent alors ouvrons
Nos bouches pour que sortent nos cris
Que nos bouches ne soient plus des prisons
Mais qu’ensemble il nous pousse des envies
De lancer une anarchie de poésie
Une révolte des mots à tout prix
Des mots pour rendre les gens heureux
Tous ceux qui triment dans la pâleur de la nuit
Et dans la noirceur des jours à leur fermer les yeux
Pour tous ces maux non-dits traînés de misères
En cimetières et  d’asiles de réfugiés en barrières
Austères, de camps de transit provisoires
Pour reconduite à des frontières expiatoires
Des mots qui riment avec envie et belle vie
Avec ce sourire de l’enfant sortant de sa rêverie
Ce coup d’œil de la femme corps désiré à l’amant
Qui attend le moment pour le faire vibrer
Ce couple enlacé depuis un long moment
Oubliant les tirs des armes folles et les murs effondrés
Pour mon frère de Palestine attendant vainement Rachel
Et mon copain Habib parcourant épuisé les sables du Sahel
Pour le Pierrot de la cité du dix-huitième sirotant le thé
A la menthe dans le souk de la mosquée accueillante
Pour la vieille assise au bord du trottoir devant le bar du mistral
Et qui croit qu’elle est plus belle la vie sous le soleil de l’été
Même si la rue toute la nuit sera encore bruyante
Mais que c’est mieux que l’hiver quand tout est calme et gelé
Pour un frère réfugié pour une sœur oubliée pour le père torturé
Et pour la mère violée, poètes sortez vos papiers
Que vos cris emplissent sans arrêt et le jour et la nuit
Qu’ils s’envolent au-delà des clochers des minarets
Des toits des casernes et des bâtiments des autorités
Qu’ils fassent valser toutes les milices armées
Et les armées de milices et tous ces marchands d’armes
Que vos mots désarment qu’ils soient plus fort que la violence
Que vos rimes fassent vibrer la tolérance et la patience
Qu’ils soient plus forts que ceux des politiques
Qui bien tranquilles dans leur petite boutiques
Imaginent des stratagèmes que certains aiment
Pour larguer loin de chez eux des gênes de haine
Plus mortels que des maladies qu’on soigne sans peine
Poètes vous seuls pouvez porter les armes
Car même si vos vers explosent ils ne tuent pas
Poètes insurgez-vous portez le combat dans la rue pas à pas
Sur de nouveaux champ de bataille où des combattants bien fiers
Au sourire désarmant brandiront de larges bannières
Nouveaux signes de ralliement pour les croisés de la paix.
Poètes, ne nous défilons pas, formons nos bataillons
Défilons aux sons des hymnes nouveaux des odes à la joie
Marchons qu’un pas de danse animent d’un grand tourbillon
Ce tour de la terre auquel il faut que le monde croit
Poètes le monde a perdu des batailles mais pas la guerre
Hier c’était hier aujourd'hui sera demain et crions fort
Comme l’ami Paul pour que tous les gars du monde
De toutes les couleurs et toutes les filles de la terre
De toutes les croyances fassent la révolution
Arrachent les maillons de toutes ces chaînes
Découpent en morceaux ces millions de baillons
 Pour que nous reprenions
Notre respiration !
Poètes sortez vos papiers !
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