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lundi 1 juin 2020

Quand tu seras grand

Quand tu seras grand
sentiras-tu le besoin
chercheras-tu à savoir
tes pourquoi seront-ils plus insistants
voudras-tu combler le vide
Si tu le veux
alors je te dirais

Je te dirais les milliers de poèmes
que je n’ai pas écrits
les larmes brouillant ma vue
et le crayon indocile
sous les spasmes de douleur

Je te lirais toutes ces histoires
ces contes vrais de l’enfant retrouvé
de l’absent trop présent
de l’absent constamment  présent

Je te referais toutes ces balades
ces fleurs ces champignons
la vie sauvage surprise
dans tes éclats de rire

Je te raconterais
Les espoirs
les échafaudages branlants
d’explications
les heures passées à refaire le monde
à combler ce qui n’a pas été

Je te pleurerais les baisers refoulés
les caresses retenues
les câlins envahissants
dans mes gestes impuissants


Et puis non

Je me tairai
je te laisserai me charmer
je ne me lasserai pas de t’entendre
tu auras tellement
tellement à tenter de combler
toute ton enfance
qu’ils m’ont volée

et puis je serai trop vieux
je suis déjà trop vieux
une seule parole sera à graver
Petit Maé

Ton grand-père t’a toujours aimé.




01/06/2020



lundi 9 décembre 2019

Dire dire encore


Combien de barreaux à scier
et combien d’outils à trouver
de pierres à arracher
de portes à enfoncer
de cerveaux à exploser
frère de Palestine ami turc cinéaste de l’est
poète à jamais condamné
taisez vous donc
murez-vous dans le silence
brûlez votre papier
cassez vos crayons
tout ce qui vous rapproche de la potence

Il fut un temps où vous étiez assis près des puissants
partageant les mêmes scènes les mêmes tables
les mêmes tribunes
vos poitrines étaient couvertes de breloques rutilantes
les éloges pleuvaient sur vous
vous étiez les invités permanents de ceux qui brillaient
derrière vos œuvres
 et puis les temps ont changés
les belles avenues couvertes de fleurs sont maintenant chemins de calvaire
les micros sont coupés, les expositions interdites.
Les dictateurs, les nationalistes les chefaillons protégés par les puissances de l’argent
 par les kalach'boys par les démocrates donneurs de leçons ont tourné la roue
vous n’êtes plus les gagnants on vous montre du doigt
les invectives tombent, les crachats vous visent
et quand quelqu’un
 homme simple, femme aimante, révolté de l’injustice
élève la voix pour permettre d’entendre la vôtre,
tague des murs, colle des affiches, s’empare de la rue
on l’ignore on le montre
on détourne le regard
on se bouche les oreilles
les passants aveugles et sourds tout à coup
se cachent pour ignorer
il reste seul combattant inutile
désespéré de ses gestes
seul sacrifié pour que vous puissiez exister

combien de cadavres anonymes
jonchent les trottoirs de Téhéran
les cours de Bagdad, les impasses d’Istanbul
combien de fosses perdues
pour recueillir des étudiants chinois
Poète tu ne sauras pas compter
Et tes mots résonneront moins fort encore
Que les images de BFM télé
Mais le mot reste ta force
Ta seule arme de conviction
Et il faudra t’amputer
Pour t’empêcher de crier.