Quand tu seras grand
sentiras-tu le besoin
chercheras-tu à savoir
tes pourquoi seront-ils plus insistants
voudras-tu combler le vide
Si tu le veux
alors je te dirais
Je te dirais les milliers de
poèmes
que je n’ai pas écrits
les larmes brouillant ma vue
et le crayon indocile
sous les spasmes de douleur
Je te lirais toutes ces histoires
ces contes vrais de l’enfant retrouvé
de l’absent trop présent
de l’absent constamment
présent
Je te referais toutes ces balades
ces fleurs ces champignons
la vie sauvage surprise
dans tes éclats de rire
Je te raconterais
Les espoirs
les échafaudages branlants
d’explications
les heures passées à refaire le monde
à combler ce qui n’a pas été
Je te pleurerais les baisers
refoulés
les caresses retenues
les câlins envahissants
dans mes gestes impuissants
Et puis non
Je me tairai
je te laisserai me charmer
je ne me lasserai pas de t’entendre
tu auras tellement
tellement à tenter de combler
toute ton enfance
qu’ils m’ont volée
et puis je serai trop vieux
je suis déjà trop vieux
une seule parole sera à graver
Petit Maé
Ton grand-père t’a toujours aimé.
01/06/2020