Salle obscure. Des hommes en file – discrets-
Regard fixé
devant eux
La file avance doucement
Avalée par la
salle obscure.
Une halte à la caisse : la monnaie est prête
Pas de chèque,
pas de carte bancaire
Présence clairsemée dans la salle
Pas
de voisin, pas de témoin.
Musique d’ambiance-soupirs rauques
-chuchotements
Bruits de baisers, bruits de
succions
Le rideau rouge s’écarte
L’écran
accueille les images
Images de
femmes – images de corps
Images de
corps de femmes
Déshabillés –
lingerie qui tombe
Lingerie
minime qui dessine les corps.
Éva écarte les lèvres sur le sexe brandi.
Elle avale le sexe : regard
tourné vers la caméra
- devant le
regard des hommes assis
Dans la salle
obscure-
Hommes qui tressaillent déjà.
Des mains
s’égarent, cherchent des boutons
Ouvrent des
fermetures zippées
Des soupirs
sur l’écran
Des soupirs
dans la salle – déjà-
Noémie caresse sa compagne – la bouche mordille le sein
Le téton
durcit sous la langue experte.
L’aréole se
découvre sous la main aux ongles longs et rouges.
Elle écarte
les lèvres…du sexe au clitoris turgescent.
Les soupirs râles et
chuchotements de la salle
Grandissent
Déjà des hommes se lèvent et se
dirigent vers la sortie
D’autres
entrent : qu’importe l’histoire ?
Scènes de la
vie – crois-tu vraiment ?
Que sont devenues ces salles ?
Ciné Bijoux, Ciné Sex, Ciné Star…
Que reste-t-il à l’homme seul
La solitude –encore plus vive
Devant l’écran de l’ordinateur ou du téléphone
Il regarde les
mêmes scènes
A les mêmes
gestes de soi disant plaisirs
-solitaires-