mercredi 7 août 2013

Ciné porno

Salle obscure. Des hommes en file – discrets-
Regard fixé devant eux
La file avance doucement
Avalée par la salle obscure.

Une halte à la caisse : la monnaie est prête
Pas de chèque, pas de carte bancaire
Présence clairsemée dans la salle
                                                               Pas de voisin, pas de témoin.

Musique d’ambiance-soupirs rauques
-chuchotements
Bruits de baisers, bruits de succions

Le rideau rouge s’écarte
L’écran accueille les images
Images de femmes – images de corps
Images de corps de femmes
Déshabillés – lingerie qui tombe
Lingerie minime qui dessine les corps.

Éva écarte les lèvres sur le sexe brandi.
Elle avale le sexe : regard tourné vers la caméra
- devant le regard des hommes assis
Dans la salle obscure-
Hommes qui tressaillent déjà.
Des mains s’égarent, cherchent des boutons
Ouvrent des fermetures zippées
Des soupirs sur l’écran
Des soupirs dans la salle – déjà-

Noémie caresse sa compagne – la bouche mordille le sein
Le téton durcit sous la langue experte.
L’aréole se découvre sous la main aux ongles longs et rouges.
Elle écarte les lèvres…du sexe au clitoris turgescent.

Les soupirs râles et chuchotements  de la salle
                                                                              Grandissent
Déjà des hommes se lèvent et se dirigent vers la sortie
D’autres entrent : qu’importe l’histoire ?
               
Scènes de la vie – crois-tu vraiment ?

Que sont devenues ces salles ?
Ciné Bijoux, Ciné Sex, Ciné Star…
Que reste-t-il à l’homme seul
La solitude –encore plus vive
Devant l’écran de l’ordinateur ou du téléphone
Il regarde les mêmes scènes
A les mêmes gestes de soi disant plaisirs


-solitaires-

Salon du Livre DOLUS

C'était le jeudi 25 à Oléron, sous un soleil de plomb !
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Dieudonné fait le service !


Toujours souriant !


Mon ami Francis  Belliard



C'est calme !


départ pour la plage.




Francis Belliard et ses "*âneries"

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vendredi 2 août 2013

Ami, qu’as-tu vu ?

J’ai vu, j’ai vu
Ami, qu’as-tu vu ?

J’ai vu
Une perruque sur une tête de lit
Un orteil sur un pied-de-biche
Une langue énorme dans une bouche de métro
Un panaris sur un doigt de whisky.

Ami, ami, c’est n’importe quoi !
Dis-moi vraiment, qu’as-tu vu ?

J’ai vu
Un pou sur un cheveu sur la langue
Une poussière dans un œil-de-bœuf
Une carie sur une dent des Alpes
Une selle de cuir sur un dos d’âne.

Ami, ami, tu te sens bien ?
Dis-moi donc, ami, qu’as-tu vu ?

J’ai vu, j’ai vu

Une entorse à un bras de fer
Un pantalon neuf sur un rond de jambe
Un plombage sur une dent contre toi
Et une tache de rouille sur une main de fer

Ami, ami, c’est assez !
Dis-moi ami, qu’as-tu bu ?

J’ai vu la terre entière qui perdait la tête
Et des hommes de rien s’occuper de tout
Des chemins de fer qui menaient en enfer
Et des voies d’eau qui m’emportaient au loin.

Oui, ami, j’ai vu tout cela :
Un monde qui ne tourne pas rond
Des hommes qui cherchent leur chemin
Et toi qui ne me crois pas !



Matin

D’abord il fait chauffer l’eau
Dans une petite casserole
Toujours la même, en métal léger
Qui garde les chocs du passé.

Puis du pot de café conservé au frais,
Il prélève deux grandes cuillerées
Qu’il dépose dans le filtre doucement.
Enfin, il verse l’eau, précautionneusement.

Il pose la tasse ébréchée, toujours la même
Depuis tant d’années, toujours rangée
Au même endroit sur le bord du buffet,
Rarement lavée, parfaitement culottée.

Debout, comme s’il était pressé, il boit
Cette première tasse de café.
Puis il prend un sucre
Et sort…

Son chien l’attend devant la porte
Assis, la tête droite, les oreilles dressées.
C’est pour lui le sucre et la caresse
Et les premières paroles : Bonjour, ma belle !

Alors les deux complices vont au bout du chemin.
Dans la vieille boîte à lettres, le journal.
Il revient lentement, écoutant les premiers oiseaux
Se laissant pénétrer des premières odeurs

Du jour, à peine levé. Le chien, lui, n’est pas pressé
Il goûte encore ses moments de liberté
Suivant dans le bois voisin les laissées
Des chevreuils étonnés et d’un vieux solitaire  blasé.

Une deuxième tasse moins chaude – évidemment
Puis la lecture du quotidien – avidement
La journée est commencée – renouvellement
Comme tous les matins – rituellement.





mercredi 17 juillet 2013

Rencontre

Rencontre

Elle hésite, elle s’éloigne, revient,
Attend qu’il n’y ait plus de client,
Puis timidement, se décide enfin
Et pénètre dans la boulangerie.

Ses longs cheveux blancs mal peignés
Dégringolent en vagues désordonnées sur le col usé
D’un manteau d’hiver en partie élimé.
C’est l’été. Le soleil est haut. Il fait chaud.

Par-dessus des chaussettes qui furent blanches
Elle a enfilé son unique paire de souliers :
Que ce soit juillet ou décembre
Elle n’a pas à choisir ni à se tromper.

La boulangère est là, souriante, accueillante
Mais son sourire se fige devant la misère entrée.
Vous désirez ? demande-t-elle imposante
À la pauvre vieille toute tremblante.

Depuis longtemps elle a fait son choix :
Un pain au chocolat c’est combien ?
Quatre-vingt-sept centimes ! C’est précis, imparable.
Alors la veille tend son unique pièce.

Elle repart comme elle est venue,
Rasant les murs, cherchant de l’ombre.
Et tout à coup j’ai honte
De ne pas lui avoir donné, même, un sourire.



(Une vraie rencontre, hier, dans une boulangerie de Louargat.)

vendredi 5 juillet 2013

Sans titre

Sur la terrasse
Elle attend encor la nuit

La feuille morte.


                                                       Nuit d'encre sur la ville
                                                       Une barque passe au loin
                                                       J'attends seul, hélas.


Grand vol d'abeilles
Nouvelle ruche à trouver
C'est l'été enfin !

Je vis Bretagne

J’habite Bretagne –unique région
Je vis Bretagne. Je communie Bretagne
Et pourtant Bretagne n’est pas ma patrie
Je ne suis pas né breton mais je suis breton.
J’habite Bretagne
Là où les histoires se sont mêlées pour écrire l’Histoire
Là où les rivages accueillent l’océan et la mer
Pour sculpter les paysages
Là où les paysages s’entremêlent pour écrire la Géographie
Là où chaque pierre chaque rocher
Est trésor du temps passé
Dans l’immense fournaise où
Se transforment et se créent
Ces rochers libres des côtes ravagées
Et ces alignements de mégalithes soucieux
Pour écrire sur le sol : géologie

Ô Bretagne à la langue secrète
Pour mieux préserver ton identité
Mais dont les enfants aventuriers
Conquérants du monde, navigateurs intrépides
Sillonnent toutes les étendues liquides.
Sans glaives et par les voiles
Par delà les espaces nouveaux
Faisant planer sur tous les continents
Le Gwen an Du brandi fier et haut


Ô Bretagne qui se met à l’ouvrage
Par tes hommes marins et tes femmes de la terre
Mers sillonnées terres travaillées
Donnant à chacun ce qu’il est en droit d’espérer
Et par les prières si Dieu et Notre dame 
Et monsieur de saint Yves et madame Anne
Par tous les Pardons de toutes les chapelles
Et les tantads allumés depuis la nuit des temps
N’apportent pas plus que la galette et la motte de beurre
Les Festoù-noz feront danser les belles
Jusqu’au lever du soleil ou la tombée de la pluie
À moins que la voix de Vassili s’élevant dans la nuit
Me rappelle qu’il est temps
De donner du temps au temps

Pour que Bretagne –Pays où je vis
Vive en regardant devant
Et que les yeux parcourent l’horizon terrestre
Qui se poursuit bien  au-delà

Des étoiles !