mercredi 17 juillet 2013

Rencontre

Rencontre

Elle hésite, elle s’éloigne, revient,
Attend qu’il n’y ait plus de client,
Puis timidement, se décide enfin
Et pénètre dans la boulangerie.

Ses longs cheveux blancs mal peignés
Dégringolent en vagues désordonnées sur le col usé
D’un manteau d’hiver en partie élimé.
C’est l’été. Le soleil est haut. Il fait chaud.

Par-dessus des chaussettes qui furent blanches
Elle a enfilé son unique paire de souliers :
Que ce soit juillet ou décembre
Elle n’a pas à choisir ni à se tromper.

La boulangère est là, souriante, accueillante
Mais son sourire se fige devant la misère entrée.
Vous désirez ? demande-t-elle imposante
À la pauvre vieille toute tremblante.

Depuis longtemps elle a fait son choix :
Un pain au chocolat c’est combien ?
Quatre-vingt-sept centimes ! C’est précis, imparable.
Alors la veille tend son unique pièce.

Elle repart comme elle est venue,
Rasant les murs, cherchant de l’ombre.
Et tout à coup j’ai honte
De ne pas lui avoir donné, même, un sourire.



(Une vraie rencontre, hier, dans une boulangerie de Louargat.)

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