Il y a fort longtemps (on dirait le début d'un conte), au cours d'une récréation, un collègue/ami me raconta une histoire.
Nos récentes retrouvailles ont ranimé des souvenirs, dont cet épisode un peu estompé. Nos mémoires défaillantes se sont alliées et j'ai repris la plume (ou plutôt le clavier) pour coucher définitivement ce futur monument de la littérature contemporaine ! Voici donc....(roulement de tambours...) la légende de l'athlète de Vaud !
Le roi était bien triste ! Oui, une tristesse immense ! sa fille unique, la magnifique princesse Sidonie, allait avoir vingt ans. Il aurait dû être heureux le roi ! Vingt ans sa princesse, une fille superbe, sans conteste la plus intelligente et la plus belle de tout le royaume.
(Vous remarquerez que j’ai dit « intelligente « en premier. Si j’avais dit : la plus belle et la plus intelligente de tout le royaume, les féministes auraient encore hurlé « Oui, pour les mecs, y’a que le physique qui compte ! Et la beauté intérieure, alors, et bla bla bla…. »
Moi, j’ai pas envie de me faire lyncher à la sortie ! Donc, elle allait avoir vingt ans, elle était intelligente et belle. Mais, depuis sa naissance, une sorcière jalouse avait prononcé une malédiction sur le royaume et créée un monstre sanguinaire qui devait détruire le royaume … Quand ? Vous suivez, hein ? Oui, le jour anniversaire de la princesse Sidonie.
Le roi avait tout essayé : il avait lancé ses armées contre le monstre, sans succès. Il avait essayé d’amadouer la sorcière, peine perdue…Et il restait à peine un mois de répit ! Alors, une nouvelle fois, il lança à appel à tous les valeureux chevaliers du royaume et des royaumes environnants ! Quiconque réussirait à vaincre le monstre pourrait lui demander n’importe quelle récompense, y compris la main de la magnifique – et intelligente- Sidonie !
Dès le lendemain, ce fut la queue devant la porte du château. Tous les barons, comtes, vicomtes, marquis, ducs, venus des quatre coins de la terre (oui, je sais, la terre est ronde mais elle a des coins !) C’était une queue incroyable ! On se serait cru devant l’institut du Professeur Didier Raoult pour le dépistage de la Covid-19 !
Le roi indiqua aux prétendants le chemin qui menait à l’antre du monstre. Et les voilà partis. Certains coururent comme des fous, armés d’une simple épée, d’autres réfléchirent, élaborant même des stratagèmes, imaginant des pièges…Bref, pendant plus d’une semaine, la montagne retentit de cris, de hurlement, de rugissements, de cliquetis d’armes…Mais, hélas, beaucoup furent tués et les quelques survivants revinrent dans un bien triste état. Le roi était désespéré, prêt à accepter le sacrifice terrible quand, un beau matin, la veille du jour fatal, un homme se présenta à la porte du château ! Grand, bâti comme une armoire bretonne (ou normande, ou picarde, ou provençale, au choix), il avait des muscles impressionnants.
— Sire, j’ai traversé tout le Jura. Je suis Suisse, je viens de comté de Vaud. Même là-bas, on a entendu votre triste histoire. Alors, j’ai pris la route et je viens vous débarrasser de la bestiole qui menace la princesse !
— Ah, brave Suisse du Comté de Vaud, puisses-tu dire vrai !
— Pas de soucis Sire (pas facile à dire, ça !) Indiquez-moi le chemin !
Et aussitôt, notre homme, que dis-je notre homme, notre surhomme, prit la direction de l’antre du Monstre.
On ne tarda pas à entendre des hurlements effrayants, des plaintes qui déchiraient le silence jurassique. On aurait pu croire que Steven Spielberg était en train de tourner Jurassique Park, le retour ! Et, alors…
Et alors, et alors…eh, eh ! Non Zorro n’est pas arrivé mais notre héros s’avança, couvert de sang, tenant à la pointe de son épée la tête sanguinolente du monstre déchu !
Des cris de joie, des applaudissements, des vivats avertirent le roi qui se précipita pour accueillir son sauveur !
— Ah, mon brave, tu as réussi ! Tu me sauves et tu sauves la belle Sidonie. Demande-moi ce que tu veux comme récompense, la moitié de mon trésor, un château, des terres et même la main de la Princesse. Je suis prêt à t’accorder ce que tu me demanderas !
— Que nenni, Sire je ne suis pas venu pour faire fortune ni même pour prendre épouse !
— Mais alors, que veux tu ?
— Ah, Sire, je désirerais une plume d’aigrette car, j’en ai aperçu de très belles en venant ici !
— Une plume d’aigrette ???
— Oui Sire, mais une plume très fine, la plus fine possible !
— Et bien soit ! répondit le roi interloqué. Et il envoya ses meilleurs chasseurs débusquer une aigrette près des étang pour lui subtiliser la plus fine de ses plumes.
Le roi offrit donc la plume à notre héros mais il ne put s’empêcher de lui demander la raison de ce choix, tellement modeste en comparaison de tout ce qu’il aurait pu lui donner comme récompense !
— Ah ! Sire : ce n’est pas difficile à comprendre ! Voyez-vous, je voudrais être célèbre et entrer dans l’Histoire ! Alors, je pense qu’on n’est pas prêt d’oublier
L’athlète de Vaud à la fine aigrette !
PS : pour toute réclamation s'adresser à Jean-Luc R !