Le slam c’est la poésie des mots dits
Et si les poètes sont maudits
Qui ne mot dit consent alors ouvrons
Nos bouches pour que sortent nos cris
Que nos bouches ne soient plus des prisons
Mais qu’ensemble il nous pousse des envies
De lancer une anarchie de poésie
Une révolte des mots à tout prix
Des mots pour rendre les gens heureux
Tous ceux qui triment dans la pâleur de la nuit
Et dans la noirceur des jours à leur fermer les yeux
Pour tous ces maux non-dits traînés de misères
En cimetières et
d’asiles de réfugiés en barrières
Austères, de camps de transit provisoires
Pour reconduite à des frontières expiatoires
Des mots qui riment avec envie et belle vie
Avec ce sourire de l’enfant sortant de sa rêverie
Ce coup d’œil de la femme corps désiré à l’amant
Qui attend le moment pour le faire vibrer
Ce couple enlacé depuis un long moment
Oubliant les tirs des armes folles et les murs effondrés
Pour mon frère de Palestine attendant vainement Rachel
Et mon copain Habib parcourant épuisé les sables du Sahel
Pour le Pierrot de la cité du dix-huitième sirotant le thé
A la menthe dans le souk de la mosquée accueillante
Pour la vieille assise au bord du trottoir devant le bar du
mistral
Et qui croit qu’elle est plus belle la vie sous le soleil de
l’été
Même si la rue toute la nuit sera encore bruyante
Mais que c’est mieux que l’hiver quand tout est calme et
gelé
Pour un frère réfugié pour une sœur oubliée pour le père
torturé
Et pour la mère violée, poètes sortez vos papiers
Que vos cris emplissent sans arrêt et le jour et la nuit
Qu’ils s’envolent au-delà des clochers des minarets
Des toits des casernes et des bâtiments des autorités
Qu’ils fassent valser toutes les milices armées
Et les armées de milices et tous ces marchands d’armes
Que vos mots désarment qu’ils soient plus fort que la
violence
Que vos rimes fassent vibrer la tolérance et la patience
Qu’ils soient plus forts que ceux des politiques
Qui bien tranquilles dans leur petite boutiques
Imaginent des stratagèmes que certains aiment
Pour larguer loin de chez eux des gênes de haine
Plus mortels que des maladies qu’on soigne sans peine
Poètes vous seuls pouvez porter les armes
Car même si vos vers explosent ils ne tuent pas
Poètes insurgez-vous portez le combat dans la rue pas à pas
Sur de nouveaux champ de bataille où des combattants bien
fiers
Au sourire désarmant brandiront de larges bannières
Nouveaux signes de ralliement pour les croisés de la paix.
Poètes, ne nous défilons pas, formons nos bataillons
Défilons aux sons des hymnes nouveaux des odes à la joie
Marchons qu’un pas de danse animent d’un grand tourbillon
Ce tour de la terre auquel il faut que le monde croit
Poètes le monde a perdu des batailles mais pas la guerre
Hier c’était hier aujourd'hui sera demain et crions fort
Comme l’ami Paul pour que tous les gars du monde
De toutes les couleurs et toutes les filles de la terre
De toutes les croyances fassent la révolution
Arrachent les maillons de toutes ces chaînes
Découpent en morceaux ces millions de baillons
Pour que nous
reprenions
Notre respiration !
Poètes sortez vos papiers !
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