mercredi 7 août 2019

FIN


fin
Atteindre l’extrémité
la toute dernière frontière
là où tout finit
où rien ne commence
ne plus avoir
ne plus être
ne plus faire
ne plus frémir

atteindre la fin du rêve
le début du cauchemar
tendre la main
désespérément
vers le vide

s’assurer auparavant
d’être seul
pour ne pas montrer
pour ne pas raconter
l’extrême






Nuit


longue comme un jour
qui n’en finit pas
rêves éveillés de la vie
qui passe trop vite maintenant
que les cheveux sont gris
nuit de remue-pensées
les pires
-          Celles qui ne se gomment pas –
Pensées d’absences de deuils
De souvenirs glacés
Femmes croisées
Hommes vite rejetés
Enfants promesses non tenues
Et le reste
Tout l’immense reste
Les chemins sur lesquels on se perd
Même sans les traverser
Chemins déserts
Menant à des villes piège et marcher
Jusqu’au bout de la nuit
Quand le corps épuisé
- plus agité-
Ne fait plus rien avec l’esprit
Vidé de ses dernières pensées
Alors
Le sommeil vient pour
Tout oublier                           

mardi 6 août 2019

Ville



balcon de ville
ouverture dans le vide
vers l'inconnu
plonger
sans se repérer
se laisser tomber...

Résultat de recherche d'images pour "suicide balcon"

ordonnance


quatre petits comprimés
un rouge un bleu 
deux blancs
deux petits deux gros
à avaler sans croquer 
avec un grand verre d'eau


ne pas les oublier matin et soir
matin pour passer une bonne journée
soir pour une nuit calme
et bien dormir

quatre petit comprimés
ordonnance à renouveler
encore et encore
stop
y’en a marre des cachets

tout balancer


Pas de nostalgie



Pas de nostalgie

C’est sur cette terre que je pensais finir
Écouler mes vieux jours
Dans ce bois à l’ombre de la chapelle
j’y avais fait mon refuge
bercé par la poésie
enchanté par le conte
mes amis m’entouraient
tous les quinze on veillait
ma chérie à mes côtés partageait
mes cheminements dans ces allées
centenaires et si un chevreuil nous surprenait
on le laissait filer
le temps s’écoulait presque paisible
 parfois un événement nous surprenait
la maladie d’un plus vieux
l’enterrement d’une plus vieille
la naissance d’une fleur
l’essor  d’une branche

et puis

mon corps malade m »a conduit ici
entre montagne et mer
dans le sud de la France en pays Catalan
j’ai tout à reconstruire
tout à découvrir
sachant déjà que rien ne sera jamais
comme avant

saurais-je y vivre
du moins survivre
dans ces paysages secs à attendre la pluie
en chassant les moustiques
au rythme des sardanes
au son de du flabiol et du tible
et en grignotant sur le pouce un bon morceau de diot noir.
Et puis les cimes ont éclaté vers le ciel
La mer s’est parée de mille verts et de bleus plus nombreux
On m’a raconté des histoires d’ours et
de simiots et autres monstres du Vallespir
Les korrigans étaient bien loin-
-                           l’Ankou n’avait plus droit de cité

Les cartons sont défaits, les livres déballées
La vaisselle rangée –quelques assiettes cassées-
Là-bas on a fermé les volets, jeté la clé


Je m’y ferais
 Afortunadament esta vegada*


*Pour de bon cette fois.



mardi 4 décembre 2018

Le petit bulot


Le petit bulot


Dans un bistro tout rencogné tout petit
juste après le dépanneur « chez Ali »
Il m'a offert un ristretto parfumé
élaboré à partir d'arabica fraîchement torréfiés

Et on a causé, on a causé
il m'a parlé de sa vie d'avant, avant d'être péché
Il vivait au fond de l'océan tout sale et sombre
d'ailleurs pour y voir clair, il avait des lumerottes en nombre

En permanence allumées, elles répandaient une douce lumière
et il allait de là, de ci, et même de-ci de-là, pas fier
il n'avait jamais froid pas comme ses frères du Canada
toujours à lutter contre la poudrerie épaisse qui tombe là-bas

Il vivait tranquille jusqu'au jour où il s'est trouvé
devant un monument assemblage de bois et de filets
il y avait deux ouvertures
et entre les deux, une vieille morue, sublime nourriture

son cousin Bernard le vieil ermite a voulu le prévenir
t'es fada ou quoi, mille pétards tu veux mourir
mais petit bulot affamés n'ayant pas d'oreilles
y est entré et fut fait prisonnier

Longtemps après on a relevé le casier
il ne pouvait partir : alors il a voyagé
le bateau le frigo le camion la voiture,
y a que le vélo qui ne l'a pas transporté

Et il s'est retrouvé sur le banc du poissonnier
sur un lit d'algues et de glaçons concassés
on a voulu l'acheter : c'était un vieux Champagné
le costume anthracite, la chemise bien repassée

l'air d'un gangster Al Capone en vieux
alors sans bouger il s'est recroquevillé de son mieux
il n'avait pas fière allure
pour attendre l'heure de la fermeture

il me raconte tout cela mais je m'en fous
je cours chez Ali le dépanneur : je veux de la Mayo
il est encore ouvert bien qu'il ne soit pas tôt
et quand je suis revenu dans le petit bistro

il avait disparu le petit bulot
alors je me suis mis à chanter

c'était un petit bulot que j'avais ramassé
il était tout en pleurs sur le banc du poissonnier



Conversation.



Tu vois petit

D'abord, je ne suis pas ton petit !

Bon, tu vois mon grand


Tu exagères toujours !

Bon, tu me laisses parler ?.

Ça y est, faut que tu gueules !

Bah, forcément, tu ne me laisses pas parler ! !

Bon, OK, je t'écoute.

Voilà, quand j'avais ton âge…

Ah non, ne recommence pas ! Les histoires de ton enfance, j'en ai ras-le-bol !

Tu pourrais quand même me respecter.

Te respecter, en quel honneur ? Tu respectes les autres, toi ?

En tous cas, je respectais mes parents, je les écoutais et je les aimais.

Tu parles ! Papy m'a dit que tu étais un sale gosse !

Il a dit ça, Papy ?

Oui, et puis d'autres choses encore.

D'autres choses ? Lesquelles ?.

Mamie m'a dit de ne pas les répéter !

Mamie ? Elle si elle est mise aussi ?

Oui, elle m'en a raconté des choses !

Bon, ça va : on ne se comprendra jamais. Tu peux aller jouer !

T'avais pas un truc à me dire ?

Non, rien, rien, je n'ai rien à te dire.

Bon, à ce soir.

C'est ça, à ce soir !