samedi 11 mars 2017

LUCY

LUCY
Tout commence par des mots

Premier pays que la
Première femme foula de son pas malhabile
Terre vierge accueillant son premier habitant
Qui s’appelait Elle
Longue silhouette sculpturale
Nue de vêtement mais Vêtue de sagesse 
Altesse sans cour chargée de tant d’avenir
Tes sœurs du Nord de l’Est et de l’Ouest
N’étaient encore que promesses
Et ton ventre plat se chargeait de vie
Femme fière au regard décidé
Femme seule dont le but était
Il sera une fois
Femme qui prend le large
Evasive mystérieuse
Tournant en rond des idées carrées
Parcourant en s’éloignant le berceau de l’humanité
Femme seule femme peul
 Femme Traoré ou femme  Keita
Foulant d’une course féline la savane dorée
Explorant le fleuve Congo rêvant déjà de Bamako
Contant les premiers contes à un peuple de légende absent
Femme d’empire qui prépare les rites les danses sacrées
Qu’on entendra à Tombouctou en ignorant Goré 
Femme libre sans lien libre de penser libre d’exister
Femme qui n’est pas encore mutilée
Femme belle, femme noire
Glanant les premiers grains de mil
Se penchant sur l’eau pure de l’oasis
Prenant des forces pour accomplir ta tâche
Femme
Berceau de notre humanité.


Tout commence par des mots

Des mots qui sont beaux pour éclairer ta beauté
Des mots qui sont bons pour guider ta liberté
Des mots qui sont forts pour t’aider
A élever tous ces petits blancs qui rêvent de t’assassiner
Femme noire femme belle femme aimante
Femme au regard pur comme la braise
Femme au regard dur comme les chutes du Zambèze
Femme je fais couler l’encre
Comme la lumière d’un soir de novembre
Pour rappeler à tous ceux qui aiment oublier
Qu’on fit couler ton sang pour quelques pièces d’argent
Qu’on t’exila sur des terres lointaines pour effacer ton histoire
Qu’on t’empêcha de parler de chanter de prier
Qu’on décida de choisir ce qui était bon pour toi
Alors que tu avais tout inventé sans calcul sans déboire
Toi qui n’avait rien demandé et qui avait tout accepté
Esclave enchainée humiliée violée
Mère d’enfants sans liberté innée


Tout commence par des mots

Si c’est Dieu qui au commencement t’a posée sur ce sol rouge carmin
A-t-il dit en te voyant : voilà qui est bien
Et Allah que t’a –t-il promis et Jéhovah – il était là ?
Femme noire mère en humanité
J’en suis encore à me demander
Qui le premier t’a remerciée
Tout commence par des mots
Souleymane de ta blanche Dakar
Sasha de ton Ethiopie à l’écart
Gérard de Brazzaville Omar du Dahomey sacré
 Et vous tous frères et sœurs d’Alger au Cap
N’oublions pas

Tout commence par des mots

Ecrivons sur un papier blanc glacé sans jamais tourner la page
Cette longue longue  histoire
De la femme noire
 De notre mère noire

Francis Delemer 8/9/032017







mercredi 1 mars 2017

Allez, un peu de pub !

Détours en contes !

Mercredi à 19:30 ( tous les mercredis) et le dimanche à 17:00 (tous les dimanches)


détours en contes


Détours en contes, c’est une émission avec des légendes, des histoires, des contes. Les contes n’appartiennent à personne. Donc, ils appartiennent à tout le monde. Détours en contes, c’est aussi tout un tas de choses qui se racontent, qui se disent, qui s’écoutent… Alors, ouvrez vos oreilles…. Et puis, à la fin de l’émission, vous aussi vous aurez des histoires à raconter. 


Bonne écoute !



samedi 25 février 2017

Hommage à Roger Knobelspiess


L'ex-taulard est mort dimanche 19 février, à 69 ans. Né à Elbeuf ( Seine Maritime), il disait à propos de sa ville et de son enfance : « Je préférais les anciens quartiers du Puchot, la Rigole, le vieil Elbeuf avec les maisons normandes. C’était extraordinaire. Elbeuf était une ville de drap, ça suait la misère, certes, mais, le soir, on entendait les vélos qui roulaient avec les bouteilles de vin qui tintaient. Il y avait de la vie. Et il faut savoir qu’Elbeuf a été à la pointe de la première épopée des blousons noirs en France. En 1963, la bande à Maridor avait attaqué la gendarmerie de Pont-de-l’Arche. J’ai de bons souvenirs de mon enfance. » (entretien avec Patrick Pellerin, journaliste  au Journal d’Elbeuf). Cette enfance, faite de petits vols qui coûteront la vie à son frère Jean, abattu par un commerçant pour un vol d'autoradio, il la racontera dans Voleur de poule. Avec ses sept frères et sœurs, vivant dans un baraquement, élevé par des parents alcooliques, il fréquente assidûment la Soupe populaire. C’est son père ( celui qu’il appelle Tonton) qui l’initie !  «Tonton bandait pour la nuit. La nuit, la cambriole, la nuit, le chapardage et même le travail. Mais il avait constamment son idée à lui. Dans la journée, il y pensait. Le soir venu, Jean et moi, on le regardait sortir avec la pouche à charbon. On attendait qu’une chose, qu’il nous demande d’aller aux poules avec lui»
26 années de prison…dont 8 en QHS
Le 4 mars 1972, Roger Knobelspiess est condamné à 15 ans de prison pour un braquage de…800 francs ! Il a 25 ans lorsqu’il écope de cette lourde peine pour avoir braqué une station-service. Il aura beau nier le vol, fournir un alibi, la cour d’assises de l’Eure, peu sensible à ses récriminations, l’envoie directement derrière les barreaux. De cette injustice naît une révolte qui ne s’éteindra plus. En prison, il rencontre Jacques Mesrine. En 1981, il est gracié par le président François Mitterrand. Mais, il disait ne pas pouvoir pardonner cette « vraie erreur judiciaire ». « On m'a volé toutes ces années de ma vie pour quelque chose que je n'avais pas commis. » En 1983, il  retourne derrière les barreaux  pour un braquage qu'il nie à nouveau avoir commis. Il va alors commettre un geste qui marquera les esprits. Il se coupe un doigt et l'envoie à Robert Badinter le garde des Sceaux pour protester contre son incarcération. Il sera finalement acquitté en 1986. Mais il retournera en prison quelques années plus tard pour un autre braquage. Nouveau séjour en prison en 1987 après une condamnation à sept ans de réclusion pour une fusillade contre des policiers en 1982. Pour les uns, Knobelspiess devient l’emblème de l’erreur judiciaire. Pour les autres, il est celui de la «politique laxiste de la gauche».

Écrivain, il prend la plume pour défendre les Taulards

«Mon stylo, c’est ma vie bafouée, mon encre, c’est mon sang martyrisé, mon talent, c’est ma tête relevée.»

Pendant ces années d’incarcération, Roger Knobelspiess va noircir des dizaines et des dizaines de cahiers. En 1980, depuis sa cellule, il écrit QHS, dans lequel il relate ses conditions de détention dans les Quartiers de Haute Sécurité. Il sera vendu à plus de 300 000 exemplaires. Il frappe l'opinion et s'attire la sympathie de nombreux artistes et intellectuels, Claude Mauriac, Claude Manceron, Jean Genet, André Glucksmann, Yves Montand, Simone Signoret, Léo Ferré… Ou encore, Jacques Higelin, qui composera en 1988 la Ballade pour Roger. «J’peux plus dormir. J’peux plus rêver. Je ne suis pas sûr demain de me réveiller», dit la chanson. L'actrice Marie Rivière, un temps sa compagne, a publié en 1988 Un amour aux Assises, où elle racontait son procès et leur rencontre. 

Libéré en 1990, il continue d’écrire ses souvenirs, des fictions, des scénarios . Il a même  tourné de petits rôles au cinéma et à la télévision, notamment dans Capitaine Conan de Bertrand Tavernier, et pour des téléfilms de Jean-Pierre Mocky. « J'ai même incarné un flic. J'ai aussi écrit quelques scénarios », dont celui d'une BD sur Jacques Mesrine, qu'il avait rencontré en prison, (Messine, l'évasion impossible -Casterman, 2008). « J’ai côtoyé Jacques Mesrine au QHS de Fresnes en 1977 mais, quand j’étais son codétenu, j’étais un illustre inconnu(…) On est devenus amis, on a fondé le syndicat des évadés, nous étions unis dans la lutte contre les QHS ».

 Son ami Wolinski lui dédiera un croquis. On y voit deux personnes hurlant devant le mur de la prison : «Libérez Knobelspiess». L’intéressé leur répond de fond de sa geôle : «Faites pas chier, j’ai pas fini d’écrire mon livre ! »
En 2012, il avait menacé de se couper de nouveau un doigt si François Hollande ne rétablissait pas les grâces présidentielles du 14 juillet.
Il habitait depuis vingt ans dans l'Yonne
Depuis le Tonnerrois, où il résidait depuis une vingtaine d'années, il continuait à dénoncer le système carcéral et à se battre pour les droits des détenus. En 2012, il avait menacé de se couper de nouveau un doigt si François Hollande ne rétablissait pas les grâces présidentielles du 14 juillet.

Il s'est éteint dans la nuit de samedi à dimanche à l'âge de 69 ans. Il est, lui aussi, «entré par effraction dans l’éternité», selon les mots qu’il dédiait à son ami Jacques Mesrine. Une cérémonie aura lieu lundi 27 février à l’église d’Elbeuf, à 10 heures suivie de l’incinération à 17 h.

RIP


mercredi 25 janvier 2017

Prière




Prière

Au nom du Père,
J’ai rejeté le drap froissé
sur les nuits blanches des souvenirs
ces corps allongés ces nudités découvertes
offertes à des caresses à des baisers
ces peaux toutes différentes par la toucher
par la couleur par le grain étonnant
qui me faisaient quelquefois hésiter
à poursuivre des explorations hasardeuses
corps longs et graciles de femmes juvéniles
plus doux moins sauvages de femmes vraies
Inavoués d’hommes de tout âge
qui étaient de vrais fruits défendus
que je dégustais comme des amours particulières
Sur des couches sauvages j’ai souvent tenté
d’oublier pendant de trop brefs moments écourtés
la  fidélité que j’avais jurée.

du Fils,  
la nuit est là
j’ai retardé longtemps le moment
et je m’étends enfin à bout de corps
sur la couche froide symbole de la mort
C’est là qu’autrefois nous partagions
des jeux de folie et des repos trop courts
C’est ici que tu fermas tes yeux
sur ce combat inutile joué d’avance
c’est là que tu perdis ta chaleur
et ton sourire moqueur
c’est là que je devins veuf
et c’est enfin là que je redoute tant
de revivre le passé antérieur
je n’ai plus de rêves mes démons
m’attendent pour me donner chaque nuit
une vision de l’enfer.


et du Saint-Esprit
Yahvé j’appelle Yahvé
Dieu j’appelle Dieu
Jésus j’interpelle Jésus
Allah est-ce toi qui viendra
Du fond de ma détresse
à la surface de l’angoisse
je crie
je ne prie pas je ne sais pas prier
j’appelle comme le marin sans gilet de sauvetage
comme le montagnard tombé d’une paroi sans faille
j’appelle homme fragile
je me débats je m’agite
gestes inutiles
cris sans écho
j’abandonne – je me laisse aller –
trop dur.

25012017 2 :30

dimanche 22 janvier 2017

Écrire



J’assemble des lettres pour écrire des mots
des mots vides de sens pour décrire des maux vides de substance
les lettres s’interfèrent long enchevêtrement d’un réseau ferroviaire
bousculant dans des élans incontrôlables des neurones sans caractère
qui se donnent du mal pour créer le mal
j’assemble des caractères pour m’en donner
je déconstruis ce qui est écrit pour hurler mon mal de vie
j’en suis à ne plus avoir d’envie  de ne plus vouloir la vie
le vide se crée en moi en toi en nous
l’atome se fissure explose à la figure ligatures profondes
entravant le mouvement qui nous entraîne
vers
Ailleurs


Le charme discret d’un poète Tout sur un homme sans intérêt

Le charme discret d’un poète
Tout sur un homme sans intérêt

Une vie à paraître
à chercher à être
une vie trop longue qui se traîne
sur des voies désertes des chemins sans lendemain
une vie pour quoi faire


Sous ce sourire affiché sous ce regard clair
un cœur noir à crever
une envie retenue de crier
qu’il me faut cacher par un corps allant
par des phrases tranquilles et des spectacles futiles


Vie trop longue sans avoir le courage
d’y mettre fin enfin
malgré tant de drogues de poisons ingurgités
jusqu’à plus soif jusqu’à plus faim
digérés contre toute attente dans cette attente
d’attenter à ce corps qui lutte encore
à ce cerveau engourdi mais qui vit

Tant de vices insoupçonnés
devant des amis qui se croient importants devant des enfants
que j’ai tant trompés devant tant de femmes mal aimées
Maintenant vieux comme le plus vieux des vieux de la terre
qu’attendre de cette vie qui s’étire  s’étire encore
sinon un coup déchirant.
ah s’étendre et attendre
attendre
la
FIN



22012017

vendredi 16 décembre 2016

Alep

On ne fabrique plus de savons

À Alep
On a d’autres préoccupations
On invente des combines
Pour échapper aux bombes
Mais ça ne marche pas toujours.

Sur les trottoirs disparus des photographes
Des envoyés spéciaux et des habitants
Ordinaires qui fixent sur leur téléphone
Les éboulis qui étaient leur demeure.
On se déplace à pied
Une carcasse de voiture
Ça reste sur place
Il n’y a plus de rues, plus d’édifices dédiés
Même plus une place de stationnement
Même plus de cimetières
Pour cacher sa misère.

On ne trouve plus rien
Plus d’eau plus de lumière
Plus d’air pur plus de pain noir
Reste la poussière impure.

Entre deux courts silences
Des explosions, des tirs d’armes
Puis des cris des larmes des lamentations
Les pleurs des veuves
Les gémissements des blessés qui ne seront pas soignés
Les hoquets des orphelins entrecoupés de Maman 
Les sirènes haletantes des secours disparus.

Alep quartiers martyrs
Deux fois les Champs Élysées
Ravagés cognés boxés assommés
Des blessures de pierre des meurtrissures des corps
Rues défigurées où errent des fantômes livides
Longs sacs orangés venus dont ne sait où
Qui a pris le soin
Qui a trouvé le courage
Qui a pensé donner un semblant
De tombeau
Aux victimes des hommes
Qui a pensé dissimuler la puanteur
La décomposition
Les mutilations obscènes
Et quel avenir pour ces cercueils camping
Autour desquels tournoient
Des vols de mouches déçues de ne pouvoir
Se repaître de festins sordides

Alep vingt kilomètres carrés
Qui ne sont qu’un point sur la carte
Quartiers bombardés par les amis russes
Îlot assiégé par l’armée du dictateur
Dont on veut oublier même le nom
Alep abandonné
Par les puissances impuissantes
Discutant autour d’une table
Les cartes à la main
Non des cartes à jouer
Mais des cartes à parier à gagner
Monopoly des puits de pétrole
Des bouts de frontières
Des hectares de pactole
Pour l’instant poudrière


Alep tu m’obsèdes
Te serrer dans mes bras
Te caresser te rassurer
Te dire des mots d’amour
Des mots de paix.


Mais Alep
Je ne peux que pleurer.