Le petit chemin
Les
mêmes chemins mènent toujours aux mêmes endroits. Ce chemin coincé entre des
pins Douglas, d'un côté et de jeunes châtaigniers de l'autre, a été tracé au
début du siècle dernier quand, au lointain, l'homme a décidé qu'il était bon de
construire une ligne de chemin de fer. Coupés tous ces arbres, future pâte à
papier, ou cageots à légumes ; quelques acacias conservés, manche de secours
pour les pelles des mécaniciens.
Il
a un nom, ce petit chemin qui ne sent plus la noisette. C'est un chemin
d'exploitation. Il est rectiligne, d'une largeur calculée pour laisser passer
exactement les engins appropriés, sans fioriture, sans extravagance aucune. Ce
n'est pas un chemin pour le poète, pour le rêveur, pour le promeneur solitaire.
C'est un chemin utile ; un chemin aussi pour les athlètes modernes, coureurs à
pied, à vélo, tous ceux qui courent les yeux fixés sur un compteur qui indique
la vitesse, le rythme cardiaque, les calories brûlées. Ils n'ont pas le temps d'admirer
les arbres, d'écouter les rares oiseaux. Ils n'ont aucune chance de déloger un
chevreuil, ni même un sanglier.
C'est
un chemin d'exploitation interdit aux animaux !
2016/2018
"Un chemin d'exploitation", "d'une largeur calculée", ni fraises ni coucous sur les talus? Pas un lapin pas une taupe? Pas le moindre poulpiquet? C'est pas celui qui mène à votre chaumière alors !
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