LUCY
Tout commence par des mots
Premier pays que la
Première femme foula de son pas malhabile
Terre vierge accueillant son premier habitant
Qui s’appelait Elle
Longue silhouette sculpturale
Nue de vêtement mais Vêtue de sagesse
Altesse sans cour chargée de tant d’avenir
Tes sœurs du Nord de l’Est et de l’Ouest
N’étaient encore que promesses
Et ton ventre plat se chargeait de vie
Femme fière au regard décidé
Femme seule dont le but était
Il sera une fois
Femme qui prend le large
Evasive mystérieuse
Tournant en rond des idées carrées
Parcourant en s’éloignant le berceau de l’humanité
Femme seule femme peul
Femme Traoré ou femme
Keita
Foulant d’une course féline la savane dorée
Explorant le fleuve Congo rêvant déjà de Bamako
Contant les premiers contes à un peuple de légende absent
Femme d’empire qui prépare les rites les danses sacrées
Qu’on entendra à Tombouctou en ignorant Goré
Femme libre sans lien libre de penser libre d’exister
Femme qui n’est pas encore mutilée
Femme belle, femme noire
Glanant les premiers grains de mil
Se penchant sur l’eau pure de l’oasis
Prenant des forces pour accomplir ta tâche
Femme
Berceau de notre humanité.
Tout commence par des mots
Des mots qui sont beaux pour éclairer ta beauté
Des mots qui sont bons pour guider ta liberté
Des mots qui sont forts pour t’aider
A élever tous ces petits blancs qui rêvent de t’assassiner
Femme noire femme belle femme aimante
Femme au regard pur comme la braise
Femme au regard dur comme les chutes du Zambèze
Femme je fais couler l’encre
Comme la lumière d’un soir de novembre
Pour rappeler à tous ceux qui aiment oublier
Qu’on fit couler ton sang pour quelques pièces d’argent
Qu’on t’exila sur des terres lointaines pour effacer ton
histoire
Qu’on t’empêcha de parler de chanter de prier
Qu’on décida de choisir ce qui était bon pour toi
Alors que tu avais tout inventé sans calcul sans déboire
Toi qui n’avait rien demandé et qui avait tout accepté
Esclave enchainée humiliée violée
Mère d’enfants sans liberté innée
Tout commence par des mots
Si c’est Dieu qui au commencement t’a posée sur ce sol rouge
carmin
A-t-il dit en te voyant : voilà qui est bien
Et Allah que t’a –t-il promis et Jéhovah – il était
là ?
Femme noire mère en humanité
J’en suis encore à me demander
Qui le premier t’a remerciée
Tout commence par des mots
Souleymane de ta blanche Dakar
Sasha de ton Ethiopie à l’écart
Gérard de Brazzaville Omar du Dahomey sacré
Et vous tous frères
et sœurs d’Alger au Cap
N’oublions pas
Tout commence par des mots
Ecrivons sur un papier blanc glacé sans jamais tourner la
page
Cette longue longue
histoire
De la femme noire
De notre mère noire
Francis Delemer 8/9/032017
L'éternel féminin ! très bien écrit, aisé à lire, simple à partager, Merci Francis.
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