jeudi 29 janvier 2015

Train de vie

Elle allait à la gare sa valise à la main
Je la suivais de loin d’un regard hagard
Elle en avait assez de ce train-train quotidien
Elle voulait accélérer,
Elle prenait le TGV, c’est bien

Elle m’a laissé là Tout seul sur le triste quai
Sans un regard dans son compartiment
Elle s’est installée confortablement
Le TGV était chauffé, il faisait froid sur le quai
J’ai allumé une cigarette, le TGV ne fumait pas
Sans bruit il a démarré, et moi je m’en suis retourné

J’ai remonté la rue jusqu’à l’avenue
Il était loin le soir où elle était venue
Arrivant en pleine  nuit de son pays de l’Est
Elle errait serrée dans sa petite veste
Protégeant contre elle un petit paquet
Coffre-fort de sa vie
C’est tout ce qu’elle avait
Je lui ai tendu mon envie
Cela faisait longtemps que j’attendais
D’un air malheureux elle m’a dit oui
Vers mon petit septième je l’ai entraînée.
Et on s’est aimé non pas d’amour
Et d’eau fraîche mais de RSA,
De resto du cœur et de secours pop.
Puis un jour elle a eu ses papiers
Je lui avais appris le français
De mon petit septième elle s’est lassée
Pour un rez-de-chaussée elle m’a quitté.

Dans mon logement tout triste
Qui tutoie le ciel sous les toits
J’ai attendu sur le lit défait
Un SMS qui me disait
Je suis bien arrivée
Alors, j’ai ouvert la fenêtre
Un grand bol d’air j’ai avalé

Et puis… j’ai sauté.

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