Tout
tout de suite
à l’instant
tout
l’entièreté
retrouver le monde perdu
sans souffrance
sans interdit
sans distances mesurées
sans horaires minutés
sans justificatifs
sans dérogations
sans balcon de vingt heures
sans médecins journalistes
sans journalistes médecins
sans litanies des hospitalisés
des réanimés des lits occupés
des hôpitaux surchargés
laisser de côté les masques bricolés
les flacons de solutions
les gants de protection
les gestes barrières
les départements colorisés
Tout
tout de suite
pouvoir circuler
se frôler
se toucher
poignées de mains baisers autorisés
se tenir enlacés sur la plage retrouvée
remplir ses flacons
à la fontaine sacrée
aller où bon nous semble
s’attabler à la terrasse d’un café
contempler la foule
l’aimer
entendre ses sonorités rassurantes
sourire dans les embouteillages
ne plus s’impatienter aux caisses
retrouver les rythmes
les phases un moment oubliées
et puis surtout
en relisant Monsieur Prévert
Il faut que tout le
monde soit poli avec le monde ou alors
il y a des guerres ...
des épidémies des tremblements
de terre des paquets
de mer des coups de fusil ...
et laisser la place à la poésie.