mercredi 17 juillet 2013

Rencontre

Rencontre

Elle hésite, elle s’éloigne, revient,
Attend qu’il n’y ait plus de client,
Puis timidement, se décide enfin
Et pénètre dans la boulangerie.

Ses longs cheveux blancs mal peignés
Dégringolent en vagues désordonnées sur le col usé
D’un manteau d’hiver en partie élimé.
C’est l’été. Le soleil est haut. Il fait chaud.

Par-dessus des chaussettes qui furent blanches
Elle a enfilé son unique paire de souliers :
Que ce soit juillet ou décembre
Elle n’a pas à choisir ni à se tromper.

La boulangère est là, souriante, accueillante
Mais son sourire se fige devant la misère entrée.
Vous désirez ? demande-t-elle imposante
À la pauvre vieille toute tremblante.

Depuis longtemps elle a fait son choix :
Un pain au chocolat c’est combien ?
Quatre-vingt-sept centimes ! C’est précis, imparable.
Alors la veille tend son unique pièce.

Elle repart comme elle est venue,
Rasant les murs, cherchant de l’ombre.
Et tout à coup j’ai honte
De ne pas lui avoir donné, même, un sourire.



(Une vraie rencontre, hier, dans une boulangerie de Louargat.)

vendredi 5 juillet 2013

Sans titre

Sur la terrasse
Elle attend encor la nuit

La feuille morte.


                                                       Nuit d'encre sur la ville
                                                       Une barque passe au loin
                                                       J'attends seul, hélas.


Grand vol d'abeilles
Nouvelle ruche à trouver
C'est l'été enfin !

Je vis Bretagne

J’habite Bretagne –unique région
Je vis Bretagne. Je communie Bretagne
Et pourtant Bretagne n’est pas ma patrie
Je ne suis pas né breton mais je suis breton.
J’habite Bretagne
Là où les histoires se sont mêlées pour écrire l’Histoire
Là où les rivages accueillent l’océan et la mer
Pour sculpter les paysages
Là où les paysages s’entremêlent pour écrire la Géographie
Là où chaque pierre chaque rocher
Est trésor du temps passé
Dans l’immense fournaise où
Se transforment et se créent
Ces rochers libres des côtes ravagées
Et ces alignements de mégalithes soucieux
Pour écrire sur le sol : géologie

Ô Bretagne à la langue secrète
Pour mieux préserver ton identité
Mais dont les enfants aventuriers
Conquérants du monde, navigateurs intrépides
Sillonnent toutes les étendues liquides.
Sans glaives et par les voiles
Par delà les espaces nouveaux
Faisant planer sur tous les continents
Le Gwen an Du brandi fier et haut


Ô Bretagne qui se met à l’ouvrage
Par tes hommes marins et tes femmes de la terre
Mers sillonnées terres travaillées
Donnant à chacun ce qu’il est en droit d’espérer
Et par les prières si Dieu et Notre dame 
Et monsieur de saint Yves et madame Anne
Par tous les Pardons de toutes les chapelles
Et les tantads allumés depuis la nuit des temps
N’apportent pas plus que la galette et la motte de beurre
Les Festoù-noz feront danser les belles
Jusqu’au lever du soleil ou la tombée de la pluie
À moins que la voix de Vassili s’élevant dans la nuit
Me rappelle qu’il est temps
De donner du temps au temps

Pour que Bretagne –Pays où je vis
Vive en regardant devant
Et que les yeux parcourent l’horizon terrestre
Qui se poursuit bien  au-delà

Des étoiles !